Dix mois après sa conclusion, l’accord entre le gouvernement congolais et le Groupe Ventora de Dan Gertler, le richissime homme d’affaires israélien, a été publié jeudi par l’entremise du ministre des Finances, Nicolas Kazadi.
Sa publication a coïncidé avec la cérémonie de remise de ce texte à une délégation de la société civile en présence de diverses personnalités publiques, dont Jules Alingete, chef de l’Inspection générale des finances (IGF).
Nicolas Kazadi a expliqué le principal motif de cet accord : « La récupération des actifs pétroliers, hypothéqués par des sanctions américaines contre Dan Gertler, pour les rendre opérables ».
De son avis, il était « important et urgent » de signer l’accord avec Gertler pour plusieurs raisons. Il s’est appesanti sur l’une de ces raisons lors de son échange avec la presse le même jeudi.
« Cet accord porte entre autres sur les actifs pétroliers qui se trouvent sur le lac Albert. Les actifs pétroliers ont une durée de vie plutôt limitée dans le cadre de la décarbonisation de l’économie mondiale. Le temps pour exploiter les nouveaux gisements pétroliers est relativement court. Peut-être que d’ici 10 ans, cela ne sera plus possible. Il y avait urgence à ce que nous récupérions ces actifs et que nous trouvions une solution pour les mettre en opération », a-t-il argumenté.
Et d’enchaîner :
« Ces actifs pétroliers sont voisins aux actifs pétroliers ougandais sur le même lac, pour lesquels le processus d’exploration et bientôt d’exploitation était plutôt avancé avec à la clé un projet de pipeline pour l’évacuation de ce pétrole qui était calibré en fonction du projet ougandais. Il était urgent que nous puissions, nous également, nous positionner par rapport à cette évolution, parce que vraisemblablement nous procéderions par la même voie pour évacuer notre pétrole ».
Pour Nicolas Kazadi, la récupération de ces actifs pétroliers est à même de permettre à la RDC de vaincre la crise pétrolière qui frappe le pays ces derniers mois et, à la longue, de faire baisser les prix à la pompe.
« Nous avons aujourd’hui la capacité de production pétrolière d’à peine 24 000 barils par jour. Rien qu’avec ce bloc, nous pourrions monter à environ 300 000 barils par jour, soit pratiquement autant que le Congo-Brazzaville. Ce qui nous donnerait l’opportunité d’envisager d’avoir une raffinerie sur notre territoire qui puisse permettre de réduire notre facture pétrolière », a-t-il avancé.
En décembre 2017, les États-Unis avaient pris une série de sanctions contre diverses personnalités politiques et économiques proches de l’ancien président Joseph Kabila. Parmi elles, l’homme d’affaires israélien Dan Gertler. Ses actifs gelés par le Trésor américains, ce magnan des mines a accepté de négocier avec l’administration Tshisekedi à qui il a cédé des « actifs miniers et blocs pétroliers ».
Laurent Omba