Le ministre des Affaires étrangères, Christophe Lutundula, a été lundi devant la presse aux côtés de son collègue de la Communication et médias, Patrick Muyaya.
A l’occasion, les deux membres du gouvernement sont revenus sur les motifs pour lesquels Kinshasa n’envisage nullement de quitter la Communauté des États de l’Afrique de l’Est (EAC), qu’il a officiellement rejoint en juillet dernier. Ce, alors que ces dernières semaines, de nombreuses manifestations populaires ont été organisées dans le pays, particulièrement à Goma, pour réclamer le départ de la Force régionale de l’EAC voire celui de la RDC de cette communauté.
Pour Lutundula, quitter l’EAC sera du pain béni, un « grand cadeau » pour le Rwanda qui va « jubiler » pour ce départ de la RDC, qui n’aura presque plus de cadre de proximité pour « convoquer le Rwanda ».
« Dans cette affaire, le maître de tout, c’est le Rwanda. Nous n’avons pas la compétence de convoquer le Rwanda. Les seules communautés où nous nous retrouvons avec le Rwanda, c’est l’Union africaine, la CIRGL et l’EAC. À l’EAC où nous sommes, il y a des articles du traité créant l’EAC qui sont consacrés au règlement des conflits. Le seul espace de proximité pour le règlement de conflit, que nous souhaitons pacifique, où nous nous trouvons avec le Rwanda, c’est l’EAC. La SADC, oui, mais elle n’a aucune compétence vis-à-vis du Rwanda sauf à entrer en affrontements. Dans ces conditions, sachons ce que nous voulons. Si c’est un conflit extérieur, il faut le traiter avec des instruments qui viennent de l’extérieur », a expliqué Christophe Lutundula, ministre des Affaires étrangères.
Et d’enchaîner :
« Lorsque l’EAC, en application de ses statuts, se saisit du dossier, qu’est-ce que nous faisons ? Nous allons dire non non laissez ça? Nous avons adhéré. Maintenant, il reste la gestion ».
Patrick Muyaya a complété Lutundula en avançant un argument d’ordre judiciaire.
« Dans le cadre du front judiciaire, il y a des mécanismes au sein de l’EAC qui nous permettent aujourd’hui d’attaquer le Rwanda. On ne va pas tout mettre à table parce que notre appartenance à cette communauté est vitale pour permettre à ce pays de décoller et d’avoir des ouvertures sur toutes les parties du monde », a déclaré le ministre de la Communication, peu après que celui des Affaires étrangères ait reconnu des « faiblesses » qui minent l’action de la Force régionale de l’EAC en RDC.
« Il est clair que les ratés na manquent pas, parce que toute force internationale contient en elle-même des faiblesses financières et de commandement. La Force internationale est multinationale. Chaque État contributeur garde un mot à dire sur ses troupes. Donc, il peut y avoir dysfonctionnement… De ce point de vue, il y a un arrière goût de déception », a avoué Lutundula, non sans assurer que Kinshasa va « toujours prendre ses responsabilités », et que le gouvernement n’est pas « naïf ».
« Nous ne serons pas à la base de la rupture de confiance. Nous n’envisageons pas la perspective d’une fin catastrophique. Il faut des ajustements. Les militaires ont proposé et nous allons continuer à travailler. Il y a des problèmes mais nous n’allons pas nous laisser faire », a tranché le ministre des Affaires étrangères.
A travers la RDC, nombreux sont ceux qui ne croient plus à la Force régionale, faute d’initier une offensive contre les rebelles du M23 qui ne cessent de conquérir des entités congolaises. Alors que son mandat est offensif.
Laurent Omba