Signé en 2013 dans la capitale éthiopienne par onze pays africains, l’Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération pour la République démocratique du Congo et la région est au centre des interrogations surtout avec la résurgence du Mouvement du 23 Mars, soutenu par le Rwanda dans l’Est de la RDC.
Ses objectifs de paix semblant n’avoir pas été atteints, l’Accord-cadre d’Addis-Abeba est-il toujours important pour la République démocratique du Congo
? INFOS.CD a interrogé sous le sceau de l’anonymat un ancien expert congolais ayant travaillé dans le Mécanisme régional du suivi (MSR).
Pour lui, cet accord a plus de sens aujourd’hui comme jamais auparavant.
« L’objectif politique de cet accord, c’est la paix dans l’Est de notre pays. C’est pour cela qu’il s’appelle “accord cadre pour la paix , la sécurité et la coopération pour la RDC et la Région” », a-t-il indiqué.
Toutefois, déplore-t-il un dysfonctionnement dans sa mise en œuvre côté congolais, ces quatre dernières années.
« Nous avons arrêté de nous comporter en Etat en mettant n’importe qui n’importe où et les conséquences sont là. Cash », regrette-t-il.
Et de renchérir :
« Nous avons assumé une année de la présidence de cet Accord jusqu’au 24 février de cette année après avoir été incapable pendant 3 ans d’organiser un Sommet des chefs d’Etat des pays signataires alors que tous les autres pays avant nous avaient abrité ce sommet sans encombre. »
Lundi, Bestine Kazadi, représentante personnelle du chef de l’État auprès de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), a plaidé dans un tweet pour l’évaluation de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba pour réussir, dit-elle, sa « revitalisation ».
Mais pour notre expert, cet accord a déjà été évalué.
« Depuis 4 ans, nous n’avons absolument rien fait et nous demandons l’évaluation ? C’est bien la preuve que les gens qui en parlent ne connaissent pas les trois organes de gouvernance de cet Accord et ce que chacun a déjà fait », fait-il savoir.
Un argument que ne partage pas un autre expert au sein, cette fois-ci, de l’actuel Mécanisme national de suivi.
« Faux, ce n’était pas une évaluation. Et même s’il y aurait lieu de la considérer comme telle, c’était loin d’une évaluation générale de tous les engagements suscrits aux termes dudit Accord-cadre. La question n’est pas de dire ce qui a raison et tort sur la mise en oeuvre de l’Accord-cadre. C’est plutôt de savoir comment procéder pour réussir sa revitalisation. D’où la proposition de son évaluation », replique-t-il à INFOS.CD.
*Regarder en avant*
Ce dernier propose plutôt de regarder en avant : « L’UA préconise la revitalisation de l’Accord-Cadre. Comment y parvenir en réussissant au mieux? Certains suggèrent de commencer par l’évaluation de l’Accord-cadre, impliquant de mettre en exergue les faiblesses de la RDC et des autres. Il ne s’agit pas de considérer la RDC comme le pays modèle… Il faut avancer plutôt que de rester sur des considérations historiques »
Le 24 février 2013, 11 pays de la région (Afrique du Sud, Angola, Burundi, Ouganda, République centrafricaine, République démocratique du Congo, République du Congo, Rwanda, Soudan du Sud, Tanzanie et Zambie) ont signé l’Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération pour la République démocratique du Congo et la région, rejoints une année plus tard par deux autres pays, le Kenya et le Soudan. L’Accord-cadre définit dans les grandes lignes les principales mesures nationales, régionales et internationales requises pour consolider la paix et la sécurité dans l’est de la RDC et promouvoir la coopération entre les gouvernements des pays de la région.
L’Union africaine (UA), les Nations unies (ONU), la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL) et la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) en sont les garants.
Mais, curieusement, pour résoudre l’actuelle crise sécuritaire avec la résurgence du M23, l’initiative est plutôt à la Communauté des États d’Afrique de l’Est (EAC).
Socrate Nsimba