Pour une fois depuis 2019, le président de l’Assemblée provinciale de Kinshasa demande des comptes au gouverneur de Kinshasa sur la gestion financière de la ville, alors que députés, ministres, fonctionnaires de la ville et partenaires d’assainissement ne sont pas payés plusieurs mois. Infos.cd a consulté, en exclusivité, les différentes missives au vitriol que Godé Mpoy a envoyées ces derniers jours à Gentiny Ngobila.
« Si par malheur, vous me sacrifiez à cause des miettes qu’on va vous proposer… Si je dois partir, je ne partirai jamais seul. J’emporterai l’Exécutif… ». Ces mots sont du président de l’Assemblée provinciale de Kinshasa dans un long message privé envoyé à chaque député provincial.
Le ton ne ment pas : Godé est enfin prêt à en découdre avec le gouverneur Gentiny Ngobila qu’il accuse de « mauvaise foi », de « clochardiser les députés » pendant que « l’argent de la ville est affecté aux intérêts d’une famille ».
Et pourtant, entre les deux, l’entente a toujours été parfaite depuis le début de leurs mandats respectifs en 2019. Si les crises entre les assemblées et les exécutifs provinciaux ont secoué la quasi-totalité des provinces durant ce quinquennat, à Kinshasa, les deux institutions ont toujours parlé le même langage. Qu’il s’agisse de l’épineux dossier de construction du marché central, de la gestion du programme d’assainissement de la ville « Kin Bopeto », de la mise en échec des initiatives des députés contre le gouverneur ou encore de la destitution du vice-gouverneur Néron Mbungu qui avait osé tenir tête à son titulaire.
Six correspondances au vitriol
Mais, cette fois-ci, la fin de l’idylle semble sonnée entre Mpoy et Ngobila. En témoigne les six correspondances au vitriol que le président de l’Assemblée provinciale de Kinshasa a envoyées au gouverneur, entre le 31 mai et le 1er juin.
En gros, il lui demande des justifications sur la gestion des finances de la ville, alors que députés, ministres, fonctionnaires de la ville ou encore Ongs partenaires dans l’assainissement accusent plusieurs mois sans être payés.
« Opacité »
En outre, Mpoy accuse Ngobila de gérer avec « légèreté » le litige Afriland et lui demande de le fixer avant le 15 juin quant à son règlement. En effet, les députés provinciaux avaient contracté des crédits auprès de cette banque commerciale qui devait graduellement se faire rembourser à partir des émoluments. Avec des arriérés, pas possible et Godé Mpoy demande, dans une autre correspondance, à Gentiny Ngobila de lui annoncer la date du paiement de ces émoluments. Aussi, de lui fournir en deans 48 heures à partir du 31 mai, l’état des autorisations d’emprunts auprès des banques que l’Assemblée provinciale a établis en faveur de son gouvernement, se plaignant de « l’opacité » qui a caractérisé cette opération.
Agents fictifs
Ce n’est pas tout. Godé Mpoy veut également faire la traçabilité des fonds de la ville provenant du gouvernement central et du gouvernement provincial, lors d’une séance de travail qu’il projette avec ses ministres en charge des Finances et Economie, du Budget et de la Commissaire chargée de l’Environnement. Il prévoit également une séance de travail avec les responsables des régies financières de la ville.
Par ailleurs, Godé Mpoy fait état de l’existence des agents fictifs dans des listings de paie de la ville.
C’est donc un audit général des caisses de la ville que veut lancer Godé Mpoy, professeur en Économie. Rien pour plaire à Gentiny Ngobila.
La rédaction
