Entre Constant Mutamba, ministre d’Etat à la Justice, et les magistrats, le bras de fer est engagé. Il est, en plus, porté à la place publique à travers des sorties médiatiques des uns et des autres qui s’accusent mutuellement.
Le Syndicat des magistrats du Congo (SYMCO) a rajouté, lundi, une couche au communiqué de presse de l’Intersyndicale des magistrats du Congo, qui s’en est prise à Mutamba, reproché d’avoir « violé la procédure » en déposant quatre projets de loi au bureau de l’Assemblée nationale.
Le SYMCO, lui, accuse le garde des sceaux congolais d’« ingérence répétée » dans l’administration de la justice. Selon ce mouvement syndical, Mutamba s’est établi « en administrateur principal de la justice, violant la séparation des pouvoirs garantie par la Constitution ».
Le SYMCO en veut également au ministre de la Justice pour avoir institué un « tribunal populaire au sein de son ministère, en prenant des décisions de justice et ordonnant des arrestations publiques ».
Pour cette organisation syndicale, l’agissement du ministre est aux antipodes de l’article 149 de la Constitution qui n’autorise pas la création des « tribunaux extraordinaires ou d’exception ».
Autre grief à charge de Mutamba : la libération des détenus de Makala et d’une prison de Kisangani. Cette libération, selon le SYMCO, a été organisée en l’absence des procureurs généraux. « Ce qui est une violation de l’article 150 de la Constitution qui interdit au pouvoir exécutif d’interférer aux décisions des juges en exercice de leurs fonctions », a-t-il argué.
À l’instar du Syndicat national des magistrats du Congo (SYNAMAC), le SYMCO a aussi dénoncé les propos « outrageants et désobligeants » du ministre Mutamba à l’encontre des magistrats lors de ses différentes déclarations médiatiques.
« Les propos du ministre ont tendance à attiser la haine contre les magistrats et exposent ces derniers », a-t-il regretté.
De son côté, Constant Mutamba soutient que toutes ses initiatives, initiées depuis son avènement à la tête du ministère de la Justice en juin dernier, s’inscrit dans la logique des « réformes courageuses » voulues par le Président de la République pour redorer le blason du système judiciaire congolais.
Giscard Havril Mane