Le parlement congolais a prorogé une nouvelle fois l’état de siège dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri. Ce régime d’exception est en vigueur depuis mai 2021, imposant des administrations militaires tout en suspendant les institutions civiles.
En octobre 2023, le président Tshisekedi avait décidé « d’alléger » cet état de siège, après une évalution. Sur terrain, le retour à la vie normale n’est toujours pas effectif alors que la mesure était censée permettre une meilleure coordination des opérations militaires pour pacifier ces deux provinces.
Une année après l’annonce de l’allègement, soit trois ans et demi depuis sa proclamation, l’état de siège peine à porter les fruits. Au cours d’une plénière jeudi à la chambre haute du Parlement, le sénateur Célestin Vunabandi est monté au créneau pour appeler à une « nouvelle réévaluation de l’état de siège ».
Du constat de l’élu du Nord-Kivu, cette mesure exceptionnelle a « montré ses limites » suite, entre autres, à la dérive de « certains officiers militaires qui sont devenus affairistes et qui imposent des barrières aux citoyens ».
« Pour le cas du Nord-Kivu, tout comme en Ituri, la population ne jouit ni de paix, ni de sécurité. C’est une population qui n’a pas de quiétude et qui vit des déplacements massifs », a déploré le sénateur Vunabandi qui dit ne pas comprendre les tracasseries dont sont objet les populations de la part des autorités militaires nommées pourtant pour les sécuriser.
Aussi, Vunabandi plaide pour le retour de l’Assemblée provinciale pour mettre fin à la dérive et contrôler l’action de l’Exécutif. Désormais, l’ancien ministre du Plan s’interroge sur la limite temporelle d’un état de siège « qui a quasiment échoué ».
Le sujet de la levée de l’état de siège est au centre de tous les débats à chaque démarche de prorogation. A l’Assemblée nationale, les députés s’étaient montrés très divisés sur le sujet.
Yvette Ditshima