Dans un communiqué rendu public ce lundi, le mouvement citoyen Filimbi exprime sa crainte de voir les démarches en cours, menées « sous pression régionale et internationale », se solder par des compromis politiques au détriment de la souveraineté nationale, de la justice pour les victimes et de l’intégrité des institutions congolaises.
« Si un cessez-le-feu peut représenter un soulagement temporaire pour les populations meurtries, il ne saurait justifier certaines concessions qui touchent à notre dignité en tant que peuple. Filimbi exprime ses vives inquiétudes. Nous affirmons avec force que certaines lignes rouges ne peuvent être franchies si nous voulons rompre avec le cycle infernal du passé », prévient le mouvement.
Filimbi promet de s’opposer fermement au mixage ou à l’intégration politique des groupes armés.
« L’expérience post-2009 a clairement démontré que le mixage affaiblit notre armée, entraîne sabotages et perte de loyauté. Par conséquent, notre souveraineté exige une armée unie, disciplinée et fondée sur des principes républicains, non sur des compromis fragiles », lit-on dans le communiqué.
Dans le même registre, ce mouvement citoyen se déclare contre toute amnistie qui pourrait être accordée pour des crimes graves. Il rejette aussi toute reconnaissance politique du M23.
« La justice demeure une condition sine qua non d’une réconciliation véritable. Les crimes contre l’humanité, les viols massifs, les massacres ne peuvent être effacés par un simple accord politique. À défaut de sanctions, l’impunité prépare inévitablement les violences futures. Reconnaître un groupe armé, c’est proclamer que la force prime sur la volonté démocratique. Or, en 2023, malgré les fraudes massives, les Congolais ont choisi les urnes plutôt que les armes. Ce choix fondamental doit être respecté », poursuit le communiqué.
Pour Filimbi, la souveraineté nationale reste inaliénable.
« Notre intégrité territoriale n’est pas négociable. Toute tentative d’autonomie forcée ou de fédéralisation par la force constituerait un précédent dangereux. L’occupation continue de Bunagana depuis 1050 jours, de Goma depuis 91 jours et de Bukavu depuis 72 jours par le M23, soutenu par le Rwanda et l’Ouganda, rappelle une période sombre que notre pays doit impérativement éviter », insiste le mouvement.
Le 23 avril dernier à Doha, sous l’égide du Qatar, les délégués du gouvernement congolais et ceux de la rébellion AFC/M23 avaient convenu de travailler à la conclusion d’une trêve en vue de l’instauration d’un cessez-le-feu effectif. Deux jours plus tard, à Washington, une déclaration de principes a été signée entre les deux parties, avec l’appui des États-Unis. Cet accord engage les signataires à la reconnaissance mutuelle de leur souveraineté et intégrité territoriale, à la prise en compte des préoccupations sécuritaires, à la promotion de l’intégration économique régionale, à la facilitation du retour des déplacés, au soutien à la MONUSCO et à l’élaboration d’un accord de paix.
Cephas Kabamba