Un bébé gorille de montagne a été aperçu jeudi dernier dans le sous-secteur de Mikeno, au cœur du parc national des Virunga, dans la province du Nord-Kivu. L’observation a été faite par une équipe de pisteurs communautaires, marquant ainsi la première naissance de l’année au sein de la famille Wilungula, désormais forte de 37 individus.
L’annonce a été confirmée par l’Institut Congolais pour la Conservation de la Nature (ICCN). Les écogardes précisent que la mère, encore non identifiée, adopte un comportement particulièrement protecteur, rendant impossible pour l’instant toute identification du sexe du nouveau-né.
Cette naissance est la troisième enregistrée dans l’ensemble du parc depuis le début de l’année. Elle constitue un signal encourageant pour la préservation de cette espèce emblématique, toujours classée en danger critique d’extinction.
Mais cette lueur d’espoir survient dans un contexte sécuritaire alarmant. Près de la moitié du parc est aujourd’hui menacée par la présence de plus de 1 500 combattants issus de groupes armés tels que l’AFC/M23, les ADF, les milices Maï-Maï ou encore les FDLR.
« La station de Rumangabo ne fonctionne plus depuis plusieurs mois », a déploré Emmanuel de Merode, directeur du parc, évoquant les pressions constantes exercées par les rebelles dans les secteurs Sud et Centre. Depuis 2022, les affrontements entre les FARDC et ces groupes armés compliquent sérieusement le travail de conservation.
Situé à la frontière entre la RDC, le Rwanda et l’Ouganda, le parc des Virunga s’étend sur plus de 7 800 km². Inauguré en 1925, il est la plus ancienne aire protégée d’Afrique et abrite l’une des dernières populations de gorilles de montagne.
Selon les estimations les plus récentes, datant de 2021, environ 350 gorilles de montagne vivent dans le parc. À l’échelle régionale (RDC, Rwanda, Ouganda), cette population est estimée à 1 063 individus, d’après un recensement réalisé entre 2016 et 2018.
Malgré son statut de sanctuaire naturel, le parc est depuis des décennies le théâtre de violences armées, exposant régulièrement les écogardes à des attaques meurtrières.
Cephas Kabamba