À Kinshasa, la nature, étouffée par l’urbanisation sauvage, commence à reprendre ses droits.
« Les anciens de Lemba savent que le quartier Salongo Sud était viable. Mais tout a changé maintenant », se rappelle encore, nostalgique, Pauline, une ancienne habitante.
Salongo Sud ressemble à un quartier fantôme. Plusieurs maisons sont abandonnées, englouties par des eaux de la rivière N’djili qui a repris ses territoires.
La rivière Matete inondent constamment les habitations. Cette rivière sépare les quartiers Salongo Sud (Lemba), Kiyimbi (Matete) et la commune de Kisenso.
« Mais ce n’est pas elle-même le problème. Ce sont ceux qui ont construit sur son lit. Ils ont volé les espaces de la rivière, ce qui empêche l’eau de “respirer’’ », décrit Junior Bitota, un autre habitant.
La situation de ce quartier s’est aggravée avec une grande érosion provenant de la commune voisine de Kisenso, connue sous le nom de Kimpukuta, dont les déblais viennent encombrer la rivière Matete. En conséquence, le niveau de l’eau monte, submergeant les habitations.
Junior Bitota explique que cette rivière est désormais remplie de sable, conséquence directe de l’érosion.
Ce qui fait que le pont Kiyimbi, important pour les trois communes, est désormais sous les eaux.
« Au lieu que l’eau passe sous le pont, elle passe au-dessus. Ce qui reverse l’eau dans les parcelles ».
Face à l’inaction des autorités, les habitants ont tenté d’agir. « Nous avions cotisé 30 dollars par parcelle pour curer la rivière trois fois par semaine. Mais nos moyens sont limités. Seul le gouvernement peut le faire efficacement », déclare encore Junior Bitota.
Il recommande aussi de détruire et surélever le pont Kiyimbi, tout en luttant contre l’accumulation de déchets plastiques, qui obstruent le lit de la rivière avec le sable.
« Il y a deux mois, le bourgmestre de Lemba est passé ici. Nous avons fait la ronde avec lui. Il a promis de réagir, mais jusqu’ici, rien n’a été fait », se désole Pauline.
Les pluies des 4 et 5 avril dernier a aussi causé des morts dans ce quartier. Plusieurs familles ont fui leurs maisons pour rejoindre leurs proches dans d’autres communes. Ceux qui n’ont nulle part où aller continuent de vivre dans des habitations inondées.
Une solution durable attendue
Résidant depuis 25 ans à Salongo Sud, Séphora est restée :
« Que le gouvernement construise un nouveau pont à Kiyimbi. Le simple curage ne suffit plus. Qu’il fasse comme au pont Makelele, en bétonnant les deux rives de la rivière. »
Salongo Sud est un exemple parmi tant d’autres dans la ville de Kinshasa, où de nombreux quartiers sont érigés sur des zones inondables. Sans intervention rapide, les drames humains et les pertes matérielles ne sont jamais loin.
Giscard Havril Mane