Alors que Kinshasa et Kigali ont récemment paraphé un document préparatoire d’accord de paix sous la médiation des États-Unis et du Qatar, Dr Denis Mukwege dénonce un processus opaque et déconnecté des réalités vécues par les victimes de l’agression armée dans l’est de la RDC.
Dans une déclaration rendue publique ce vendredi, le prix Nobel de la paix fustige un texte qui, selon lui, « revient à accorder une prime à l’agression, à légitimer le pillage des ressources naturelles congolaises, et à contraindre la victime à aliéner son patrimoine national en sacrifiant la justice au nom d’une paix précaire et fragile ».
L’ancien candidat à la présidentielle critique sévèrement le contenu de la déclaration signée le 18 juin. Il déplore des principes « vagues », sans calendrier précis ni mécanismes clairs de mise en œuvre. Il regrette également l’absence de reconnaissance officielle de l’agression rwandaise contre la RDC et le silence sur les crimes de guerre et crimes contre l’humanité commis dans l’Est du pays.
« Il est inconcevable de parler d’intégration économique ou de cogestion des ressources naturelles avec un État agresseur, responsable d’un pillage systématique de nos minerais et de la tragédie humanitaire qui sévit à l’Est », dénonce-t-il.
Denis Mukwege rappelle que « la justice est non négociable » et que les richesses congolaises « ne peuvent être bradées de manière opaque dans une logique extractiviste néocoloniale ».
Il déplore en outre que cet accord préparatoire ne fasse aucune référence à la résolution 2773 du Conseil de sécurité de l’ONU, qui exige notamment un cessez-le-feu immédiat, le retrait des troupes rwandaises du sol congolais, ainsi que le démantèlement des structures administratives illégales dans les zones occupées.
Face à cette situation, Mukwege appelle à relancer l’Accord-cadre d’Addis-Abeba de 2013 et plaide pour la tenue urgente d’une conférence internationale de haut niveau sur la paix dans la région des Grands Lacs.
Cephas Kabamba