Le Réseau des journalistes pour la santé sexuelle et reproductive (RJSSR), avec l’appui de son partenaire MSI RDC, a réuni ce mardi à Kinshasa une quarantaine de journalistes autour d’un déjeuner de presse autour du thème : « Planification familiale (PF) en RDC : entre engagements et réalités de l’offre ». L’objectif : créer un espace d’échange sur l’état actuel de l’offre de services de PF au regard des engagements pris par le pays, et mobiliser les médias, les responsables du Programme National de la Santé de la Reproduction (PNSR), les partenaires techniques et financiers pour renforcer le plaidoyer.
La RDC s’est engagée depuis plusieurs années à renforcer l’accès à la planification familiale. Parmi ces engagements figurent celui de Londres en 2012 (prévalence contraceptive de 19 % d’ici 2020), le Plan stratégique national de planification familiale 2021–2025, ainsi que l’adhésion à l’initiative FP2030.
Mais sur le terrain, les résultats tardent à suivre. Selon la Directrice du Programme national de santé de la reproduction (PNSR), Dr Anne Marie Ntumba, la prévalence contraceptive moderne demeure à seulement 15 % à l’échelle nationale. Certaines provinces comme Kinshasa, le Kongo Central ou le Sud-Kivu enregistrent des taux plus élevés, mais d’autres stagnent à des niveaux très bas, parfois autour de 1 %.
« Nous avons pris des engagements d’augmenter la prévalence contraceptive jusqu’à 19 % en 2020, mais on n’a pas atteint cet objectif. Il y a encore beaucoup de disparités entre les provinces. L’un de nos autres objectifs était de réduire le besoin non satisfait en planification familiale, mais là aussi, il reste des efforts à faire », a-t-elle déclaré.
La planification familiale est reconnue comme un levier essentiel pour réduire la mortalité maternelle, améliorer la santé des femmes et promouvoir le développement durable. Pourtant, de nombreux obstacles entravent encore l’accès équitable aux services de PF : rupture de stock, faible financement national, manque de sensibilisation, poids des normes sociales et tabous.
L’initiative FP2030, à laquelle la RDC a adhéré en 2021, vise notamment à élargir l’accès aux méthodes contraceptives modernes, y compris pour les adolescentes, à réduire les inégalités géographiques et économiques, et à intégrer la PF dans la Couverture santé universelle.
Lors de cette rencontre, les participants ont insisté sur la place stratégique des médias dans le plaidoyer et la redevabilité. Les journalistes ont été appelés à exercer une veille citoyenne, à relayer les besoins des communautés et à interpeller les décideurs politiques sur leurs engagements.
« Vous êtes des intermédiaires essentiels entre les communautés, les autorités et les partenaires. Votre travail peut contribuer à briser les silences, à valoriser les initiatives positives, mais aussi à exiger des réponses concrètes face aux défaillances du système », a souligné Bibiche Mbete, coordonnatrice du RJSSR.
Plusieurs recommandations ont été formulées notamment renforcer la production de contenus journalistiques sur les enjeux liés à la PF, tenir des échanges autour des différentes méthodes contraceptives, et encourager une meilleure collaboration entre les médias et les acteurs de la santé reproductive.
Yvette Ditshima