Cinq ans après sa création, l’Agence Nationale de l’Électrification et des Services Énergétiques en milieux rural et périurbain ANSER a annoncé jeudi qu’elle a finalisé 22 projets d’électrification et en pilote actuellement 65 autres à travers le pays. L’annonce a été faite lors d’un Special Briefing Presse conjoint entre le ministre de la Communication et Médias, Patrick Muyaya Katembwe, et le Directeur Général adjoint de l’ANSER, Damien Twambilangana Mukongo.
L’ANSER, créée en 2020 dans le cadre de la réforme de libéralisation du secteur de l’électricité, s’est donnée pour mission d’accroître l’accès à l’énergie dans les milieux délaissés par les opérateurs traditionnels, en l’occurrence les zones rurales et périurbaines.
« La RDC compte 145 territoires. Aujourd’hui, nous avons une stratégie d’électrification propre à chacun d’eux, en tenant compte de leurs réalités spécifiques », a souligné Damien Twambilangana, évoquant les Plans Locaux d’Électrification (PLE) mis en place dans chaque territoire.
Plus de 1 100 projets ont été identifiés, dont 270 retenus dans un Programme d’Investissement Prioritaire. Outre les 65 en cours et les 22 déjà achevés, 43 projets affichent un taux d’avancement moyen de 60 %.
L’ambition initiale de ANSER était de produire 744 mégawatts en cinq ans. En réalité, 30 mégawatts ont été effectivement produits, selon le DGA. Malgré ce décalage, des avancées concrètes sont visibles : des localités longtemps privées d’électricité comme Bonga Yassa (Grand Bandundu), Lumumba-ville, Kananga, ou Basankusu bénéficient désormais de l’électrification.
Le taux d’électrification en milieu rural, actuellement inférieur à 1 %, est projeté à 53 % d’ici 2030, selon les projections de l’agence.
« La SNEL intervient principalement dans les zones urbaines, tandis que l’ANSER se concentre sur les milieux ruraux et périurbains, là où l’offre est quasi inexistante », a précisé Damien Twambilangana.
Le DGA a souligné que l’ANSER n’est pas un opérateur de production à grande échelle, mais une structure de facilitation et de financement, destinée à attirer les opérateurs privés sur des marchés peu rentables. Elle agit aussi en tant qu’investisseur public dans des zones totalement délaissées.
Pour mieux déployer ses activités, l’agence a structuré le pays en six pools régionaux : Pool Ouest (Kinshasa, Grand Bandundu, Kongo-Central), Pool Équateur (Grand Équateur), Pool Est (Nord et Sud-Kivu, Maniema, Tanganyika), Pool Grand Katanga (Haut-Katanga, Lualaba), Pool Grand Kasaï et le sixième pool reste à confirmer.
En cinq ans, a révélé le DGA, 50 millions USD ont été mobilisés par dotation de l’État. En parallèle, l’ANSER a délivré 20 titres à des opérateurs privés, mais ceux-ci se heurtent encore à de nombreuses lenteurs administratives.
Pour le prochain quinquennat, l’agence ambitionne de produire 8 000 mégawatts et mobiliser 5 milliards de dollars d’investissements.
« Il ne suffit pas de construire, il faut aussi rassurer les investisseurs, simplifier les procédures et lever les blocages administratifs », a insisté Damien Twambilangana.
En cinq années, l’ANSER s’est imposée comme un acteur clé de l’électrification hors réseau en RDC. Si les défis restent nombreux, les premiers résultats montrent que l’approche territoriale, la planification participative et la volonté d’attirer le secteur privé pourraient transformer durablement l’accès à l’énergie dans les zones oubliées.
Yvette Ditshima