Près de 28 millions de personnes, soit une sur quatre, sont touchées par l’insécurité alimentaire en République démocratique du Congo. Une situation aggravée par le manque criant de financements, qui pousse le Programme alimentaire mondial (PAM) à réduire drastiquement son assistance humanitaire.
L’agence onusienne fait état d’un déficit de 350 millions de dollars pour les six prochains mois et alerte sur un risque imminent de rupture d’approvisionnement si les bailleurs de fonds ne réagissent pas rapidement.
Sur le terrain, les conséquences sont déjà visibles. Dans l’Est du pays, le PAM n’assiste plus que 600 000 personnes par mois, contre 2,3 millions auparavant. Et si les fonds ne sont pas débloqués à temps, ce chiffre pourrait encore être divisé par deux dans les semaines à venir.
Dans certaines provinces comme le Mai-Ndombe, les programmes ont purement et simplement cessé. Là où 120 000 personnes recevaient autrefois une aide alimentaire, les distributions se sont arrêtées, laissant des milliers de familles livrées à la faim. Les réfugiés venus de Centrafrique ou du Soudan du Sud, déjà fragilisés, ne sont pas épargnés : 300 000 d’entre eux n’ont reçu qu’une aide partielle cette année et ne devraient plus être assistés en 2026.
Pour le PAM, la situation est d’autant plus critique que la RDC demeure l’un des contextes humanitaires les plus complexes au monde. L’immensité du territoire, les routes impraticables, les zones de conflit et les coûts logistiques élevés compliquent la distribution de vivres.
« Nous devons désormais décider qui va manger et qui ne mangera pas », a déploré samedi sur les antennes de RFI Cynthia Jones, directrice pays du PAM, évoquant des choix déchirants imposés par la pénurie de ressources.
L’agence espère désormais un sursaut de solidarité internationale à l’occasion de la conférence humanitaire prévue fin octobre à Paris. Sans un engagement massif des bailleurs, le risque est grand de voir la faim alimenter de nouvelles tensions et déplacements de population.
« Quand les gens ne trouvent plus rien à manger, ils fuient ou rejoignent des groupes armés. Sans sécurité alimentaire, il ne peut pas y avoir de paix durable », avertit la responsable onusienne.
Giscard Havril Mane