L’Observatoire de la dépense publique (ODEP) a qualifié d’« inacceptables » les propos du président de la République, Félix Tshisekedi, affirmant avoir trouvé à son accession au pouvoir « une armée de clochards », lors d’un échange avec la jeunesse kinoise.
Dans une déclaration rendue publique lundi, l’ODEP estime que ces paroles portent « gravement atteinte à la dignité, à l’honneur et au sacrifice des militaires congolais engagés sur les lignes de front », particulièrement à l’Est du pays, où les combats se poursuivent depuis des décennies.
L’organisation rappelle que derrière l’uniforme, il y a des vies sacrifiées et des familles brisées.
Elle dénonce un mépris à l’égard des soldats tombés au combat au cours des trente dernières années de conflits armés, ainsi que de leurs proches, souvent abandonnés à leur sort. Pour l’ODEP, les FARDC paient aujourd’hui le prix d’une gouvernance sécuritaire défaillante et d’une politique de défense inefficace.
Même en admettant, à titre hypothétique, l’état de délabrement évoqué par le chef de l’État, l’Observatoire s’interroge ouvertement sur le bilan du pouvoir en place.
« Qu’a réellement fait le pouvoir en place pour redresser l’armée depuis sept ans », s’est interrogé l’organisation.
Sur le plan opérationnel, le constat dressé par l’organisation est sévère. Elle évoque des « pertes successives de territoires, des replis dits stratégiques sans contre-offensives crédibles », ainsi que des « détournements massifs des fonds alloués à l’armée, sans sanctions contre les responsables ».
La chute de villes emblématiques comme Goma, Bukavu et récemment Uvira illustre, selon l’ODEP, l’ampleur de cet échec sécuritaire. L’organisation s’étonne d’ailleurs du maintien en fonction du ministre de la Défense nationale et des chefs d’état-major des FARDC, malgré l’absence de résultats tangibles et la poursuite de l’occupation de portions du territoire national par l’AFC/M23.
Au-delà de la question sécuritaire, l’ODEP pointe également la gestion des finances publiques. Elle dénonce une dérive budgétaire persistante, notamment à la Présidence de la République.
Selon l’organisation, plus de 1 884 milliards de francs congolais ont été exécutés en 2024, contre une prévision rectificative de 850 milliards, soit un dépassement de plus de 121 %.
Pour l’ODEP, ces chiffres traduisent « un échec global de gouvernance » et une « absence manifeste de volonté politique de récupérer les territoires occupés ».
L’Observatoire appelle le chef de l’État à prendre des décisions « courageuses et urgentes » pour sauver son second mandat, car il estime qu’il « n’est jamais trop tard pour finir en beauté ».
Giscard Havril Mane






