La folle rumeur sur l’entrée à Kibati, une localité située à une dizaine de kilomètres de Goma, des rebelles du M23, a été à l’origine d’une forte panique mardi en territoire de Nyiragongo.
A la tombée de cette rumeur, la psychose a gagné du terrain.
Les déplacés de Rutshuru et de Kibumba, installés dans des tentes à Kanyaruchinya, sont entrés en état d’alerte. Certains ont même entrepris de marcher jusqu’à Goma.
« On nous apprend que les rebelles du M23 sont à Kibati. Nous allons vers Goma, peut-être que nous serons un peu loin de la menace. Nous avons déjà vécu la guerre. Nous ne pouvons pas nous permettre de rester là où ça tire », a raconté à INFOS.CD une femme croisée dans le camp des déplacés à Kanyaruchinya.
Son bébé au dos, elle préparait des sacs dans lesquels elle plaçait essentiellement nourritures et habits, comptant sur l’aide de ses deux autres enfants déjà en âge de supporter un fardeau relativement léger. Destination : Goma.

Boutiques, entreprises, et autres activités commerciales dans le quartier Birere et au centre-ville, ont vite fait de fermer leurs portes.
A Majengo, au Nord de Goma, même constat.
En l’absence d’une communication officielle, la rumeur a enflé.
Des leaders locaux ont tenté de combler le vide communicationnel et de calmer la population quasi-terrorisée. Le président de la société civile de Nyiragongo, Mambo Kawaya, est du nombre de ces leaders. Il a fait comprendre aux Gomatraciens qu’il s’agit « d’un jeu de l’ennemi » et les a appelés à ne pas tomber dans le piège.
« Ce qui s’est passé cet après-midi, c’était la relève des militaires qui étaient au front en direction de Goma. Certains étaient à pied et d’autres sur des motos. Cela a occasionné la panique (au sein de la population), croyant que nos militaires ont fui l’ennemi », a expliqué Mambo Kawaya.
L’arrivée, quelques instants plus tard, de Uhuru Kenyatta, facilitateur pour les négociations de Nairobi III entre le gouvernement congolais et les groupes armés, initiées par la Communauté des États de l’Afrique de l’Est (EAC), à Goma, puis sa visite au camp des déplacés à Kanyaruchinya, ont rassuré les populations dont certaines ont commencé à regagner ledit camp.
Jusque 21heures, des mouvements de retour se sont poursuivis.
« Nous retournons, car nous avons été rassurés que notre armée est en train de repousser les M23 », a témoigné Innocent Ndagijimana, un des déplacés.
Dépassée par les évènements, Clémentine Habimana est l’une des rares personnes restées au camp des réfugiés sous la panique. Le retour des autres déplacés représente une inquiétude de moins pour elle.
« Nous formons déjà une famille. Après leur départ, je cherchais déjà comment les suivre », a-t-elle dit, convaincue que « cette fois-ci, s’il faut mourir, nous allons mourir ici ensemble en famille ».

La fin de la panique n’emporte pas la vigilance de la population de Goma et Nyiragongo.
« Nous suivons de près tout ce qui se passe que ce soit à la radio ou sur les réseaux sociaux. Nous sommes aussi vigilants. S’il y a des suspects ou des infiltrés, ils ne passeront pas par ici », a déclaré un jeune croisé à quelques encablures de l’entrée du cimetière Makao.
Fidèle Kitsa