À l’occasion de la Journée mondiale pour le droit à l’avortement, célébrée chaque 28 septembre, le Réseau des journalistes pour la santé sexuelle et reproductive (RJSSR) a rejoint le plaidoyer des organisations de défense des droits des femmes en appelant à une réforme urgente du cadre légal congolais. Dans un communiqué parvenu ce dimanche à Infos.cd, le RJSSR souligne que l’harmonisation du Code pénal avec le Protocole de Maputo est une nécessité vitale pour la santé et les droits des Congolaises.
Bien que la République démocratique du Congo ait ratifié et publié le Protocole de Maputo au Journal officiel en 2018, l’avortement reste criminalisé par le Code pénal, sauf rares exceptions. Cette contradiction, selon le RJSSR, entretient une insécurité juridique, pousse les femmes vers des pratiques clandestines et expose les prestataires de soins à des sanctions pénales.
Le communiqué rappelle que la mortalité maternelle en RDC demeure parmi les plus élevées au monde, estimée à 740 décès pour 100.000 naissances vivantes (EDS 2023-2024). Rien qu’à Kinshasa, plus de 146.000 cas d’avortements avaient été recensés en 2016, la plupart réalisés dans des conditions précaires et responsables de complications évitables, parfois mortelles.
Le RJSSR appelle ainsi le Parlement et la Commission permanente de réforme du droit congolais (CPRDC) à harmoniser le Code pénal avec le Protocole de Maputo, en reconnaissant explicitement l’avortement comme légal en cas de viol, d’inceste, de malformation fœtale grave ou de danger pour la vie et la santé de la femme. Il exhorte également le gouvernement à assurer la diffusion et l’application des normes nationales de soins complets d’avortement pour garantir aux femmes un accès sécurisé, sans peur ni stigmatisation. Enfin, il encourage les leaders communautaires et religieux à privilégier le dialogue et la santé publique afin de réduire la mortalité évitable liée aux avortements clandestins.
« L’avortement n’est pas un choix facile. C’est une question de droits, de santé et de dignité », insiste le RJSSR dans son communiqué.
Pour le réseau, dépénaliser l’avortement dans les cas prévus par la loi internationale n’est pas une question idéologique, mais un impératif de santé publique et de justice sociale.
Yvette Ditshima