En République démocratique du Congo, le Trésor public a réalisé des recettes additionnelles de plus de 1.5 milliard de dollars.
Sur 10 milliards de dollars de recettes prévus pour cet exercice, les régies financières ont mobilisé 11.5 milliards de dollars. Une performance due essentiellement à l’embellie des cours de matières premières exportées par le pays.
A quoi auront servi ces recettes additionnelles ?Dans sa Revue des engagements du gouvernement publiée ce lundi et intitulée « Nous n’avons plus les mains sur les finances publiques », le Centre des Recherches en finances publiques et développement local (CREFDL) indique, avec déception, que 1.4 milliard de dollars sur le 1.5 milliard de dollars de plus-value a été utilisé pour les fonctionnements et les rémunérations des cabinets des ministères et institutions, dans des dépassements budgétaires.
La Présidence de la République arrive en tête avec 270,5 millions de dollars supplémentaires, suivie de la Primature (52,7 millions USD), du Sénat (82,9 millions USD) et de l’Assemblée nationale (18,4 millions USD).
« Il y a aussi quelques ministères qui gardent la main sur ces profits : Budget (40,1 millions $), Sports et Loisirs (23,8 millions $), Affaires étrangères (13,7 millions $) et Communication et Médias (9,1 millions $) », peut-on lire dans ce rapport.
Par contre, les investissements publiques n’ont été payés qu’à hauteur de 202,7 millions de dollars.
« Le profit tiré de la performance
économique a servi les institutions budgétivores au détriment de la population », déplore le CREFDL.
Par ailleurs, cette organisation de la société civile fustige le fait que le ministère des finances a décaissé 1,4 milliard de dollars en procédure d’urgence, soit 12% des dépenses publiques au-delà du seuil minimal requis de 10%.
« D’après la Cours des comptes, le ministre des finances actionne le compte général du Trésor par des simples lettres, donne ordre au gouverneur de la Banque Central du Congo de procéder au décaissement des fonds, sans l’émission des Ordres de paiement informatisé (OPI), poursuit le CREFDL. Le ministre du budget se plaint de son côté de n’avoir plus accès aux avis de débit émis par la Banque centrale du Congo. La situation perdure depuis 2019 constate la direction des politiques et programmation budgétaire (DGPPB). Une situation qui entrave, la transparence dans la gestion des finances publiques.»
Cette organisation se plaint aussi du fait que le gouvernement n’a pas attendu l’autorisation préalable du Parlement pour utiliser ces recettes additionnelles. Ce qui constitue une violation de la loi de finances. La loi de finances rectificative a été votée alors que les fonds additionnels ont été déjà dépensés.
Il y a quelques semaines devant la presse, le ministre des Finances, Nicolas Kazadi, avait soutenu que ces recettes additionnelles ont été utilisées dans le paiement des pétroliers, le financement des opérations électorales et des efforts de guerre.
Socrate Nsimba