Candidat gouverneur en 2019, Deo Kasongo n’avait pas obtenu les suffrages des députés provinciaux. Ces derniers avaient tout simplement obéi aux consignes de leurs leaders politiques. Cinq ans plus tard, l’homme d’affaires et entrepreneur congolais veut retenter sa chance.
« Je suis prêt ! ». C’est par cette laconique phrase sur son compte X (ex-Twitter) que Deo Kasongo annonce les couleurs de sa candidature au gouvernorat de la ville de Kinshasa. Il n’a certes pas encore déposé sa candidature, mais cela reste un secret de polichinelle : il sera candidat.
L’homme d’affaires part d’un constat révoltant : « Cinq ans après, la ville de Kinshasa n’a pas changé ». Le bilan de Gentiny Ngobila reste largement négatif, de l’avis de la quasi majorité de Kinois.
L’une des plus belles villes d’Afrique noire après les indépendances, Kinshasa est devenue l’unité de mesure des villes les plus sales du monde. Alors premier vice-président de l’Assemblée nationale et secrétaire général de l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS), Jean-Marc Kabund affirmait publiquement que la ville de Kinshasa « n’était pas dirigée ».
C’est sûrement pour corriger ces erreurs du passé que les Kinois, à la recherche d’un oiseau rare, voit en Deo Kasongo un homme de la situation.
Mu sûrement par la volonté de mettre en pratique l’ambitieux plan d’actions qu’il a élaboré pour Kinshasa, le patron de Divo, connu pour ses innovations et son audace dans le monde des affaires, présente un profil qui séduit. Outre ses sociétés, il est prêt à mettre son esprit managérial au service de Kinshasa, une ville qui fait face aux problèmes de banditisme urbain (phénomène kuluna), insalubrité, constructions anarchiques, embouteillages, dégradations des routes … Bref, il se dit prêt à redonner à Kinshasa sa réputation de « Kin-la-belle ».
Certes, les Kinois veulent porter Deo Kasongo à la tête de leur ville, mais leur choix doit être validé par leurs acteurs politiques. Vu la configuration politique après les législatives provinciales, les Kinois se tournent vers le chef de l’Etat, Félix-Antoine Tshisekedi, dont le parti, l’UDPS, est majoritaire à Kinshasa.
« Si le chef de l’Etat veut voir sa vision se concrétiser dans la ville de Kinshasa, nous lui proposons la candidature de Deo Kasongo, un homme qui a réussi dans le privé avec ses propres moyens », déclare un Kinois.
Aujourd’hui, la capitale congolaise et ses plus de 15 millions d’habitants a plus que jamais besoin d’un manager à sa tête, à la place d’un politique moins outillé dans la gestion et qui mettrait ses intérêts politiques avant ceux de ses administrés.
Plus d’un Kinois croit que contrairement en 2018 où les députés provinciaux avaient obéi aux directives politiques, cette fois-ci, ils devront donner à Kinshasa un gouverneur porteur d’un projet de société clair à même de changer le visage de la capitale. Sinon, on tournerait toujours à rond.
Kinshasa qui ambitionne d’accueillir dans les années qui viennent des compétitions continentales devrait mettre sa plus belle robe.
Isidore Nsanding
Analyste politique