La Haute Cour militaire a condamné, mardi, l’ancien président de la République, Joseph Kabila, à la peine de mort. Un verdict immédiatement rejeté par Emmanuel Ramazani Shadary, secrétaire permanent du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD), qui y voit une manœuvre politique visant à neutraliser un acteur central de la vie nationale.
Invité sur les antennes de Radio France Internationale (RFI), le dauphin de Kabila à la présidentielle de 2018 a qualifié ce procès de « vaste blague » et de « procès bidon » sans fondement.
« Au lieu de s’attaquer aux véritables problèmes de la RDC la sécurité, le social et la crise politique qui est devenue très aiguë, ils présentent une parodie de justice, un procès bidon. Tout le monde sait qu’ils sont dans la colère. Rien ne marche. Tout ce qu’ils font bat de l’aile. Washington flope, l’accord de principe de Doha… un échec diplomatique du siècle. De cette colère là, ils se sont dit : on peut faire une diversion, il est temps d’aller récupérer encore le dossier de Kabila », a déclaré Emmanuel Ramazani Shadary.
Appelant les Congolais et particulièrement les membres du PPRD à rester vigilants, il a ajouté : « Ce procès n’apporte rien aux Congolais. Au lieu de rechercher la cohésion et la réconciliation nationale, il va accentuer les divisions, au point que certains commencent déjà à en parler en termes linguistiques et géopolitiques ».
Le secrétaire permanent du PPRD a par ailleurs rappelé une série de « signaux précurseurs » : retrait de la garde rapprochée de Joseph Kabila, perquisitions, restrictions de déplacements, levée d’immunités parlementaires. Autant d’éléments qu’il qualifie d’« un plan de longue date » visant à écarter l’ancien chef de l’État.
Le PPRD soutient depuis toujours que le pouvoir en place cherche à « éliminer un adversaire politique incontournable » dans un contexte de crise généralisée.
De son côté, la Haute Cour militaire a affirmé que Joseph Kabila a dirigé de véritables « réunions d’état-major » à Goma et Bukavu, supervisé des « centres d’instruction » de rebelles et joué un rôle de « chef incontesté » des rébellions, notamment au sein de la coalition AFC/M23.
Giscard Havril Mane