L’énergie de la jeunesse peut tout autant être un avantage et un vilain défaut. Tout dépend en effet de comment on la canalise. Constant Mutamba, opposant présumé qui s’est retrouvé dans le gouvernement, est sûrement le ministre le plus en vue de l’équipe de Judith Suminwa Tuluka.
Consignes homophobes à gauche, mesures express à droite, mise en garde des magistrats par ci, visite des prisonniers par là… l’homme est au four et au moulin, sachant surtout surfer sur l’influence des médias locaux.
De quoi pousser certains compatriotes, un peu naïfs, à voir en lui l’homme de la situation, celui qui devrait aider le Magistrat suprême à soigner une justice déclarée malade.
Mais, dans la politique tout comme dans la vie courante, il faut toujours se méfier des apparences. Se méfier surtout de ceux qui confondent actions et agitations.
L’homme se mesurant à l’obstacle, l’épreuve est vite arrivée pour l’ancien kabiliste. Dans sa réaction aux images affreuses mais bien réelles et actuelles sur les conditions carcérales inhumaines à la prison de Makala, publiées par le journaliste Stanis Bujakera qui a passé plus de six mois dans ce mouroir, et relayées par la presse internationale, Mutamba a mal canalisé son énergie. Il a osé l’impensable : contredire la sacralité des faits, pour des besoins de consommation extérieure sûrement.
« Très vielles images. Nous n’avons pas attendu leur publication pour amorcer le processus en cours de désengorgement des prisons et d’amélioration des conditions de détention. Nous sommes un État souverain.Les prisonniers Congolais mangent 2 à 3 fois par jour. Quid des conditions de détention à Guantanamo ? », a-t-il réagi sur son compte X.
Parler du blanc là où tout le monde voit du noir, est un autre épisode de ce film d’horreur. Un daltonisme qui lui pousse à affirmer que la RDC est un « modèle dans la prise en charge des prisonniers ». Les détenus, pour la majorité présumés innoncents, ont beau manquer où poser la tête au moment de se coucher, des latrines, une nourriture saine (un seul repas est servi au quotidien entre 17 et 18 heures), voire d’assiettes (ceux qui en manquent se servent de leurs pommes de mains…), mais pour Monsieur le ministre d’État, Makala n’est pas si loin du paradis.
Le jeune Mutamba vient certainement de manquer une belle occasion de prouver qu’il pouvait être un bon médecin pour un secteur malade. Tant, il est vrai qu’une guérison commence par un bon diagnostic. L’on ne peut prétendre apporter des solutions à un problème que si l’on admet son existence.
La rédaction