La Cour constitutionnelle a décidé de poursuivre ce mercredi 23 avril son instruction dans l’affaire Bukanga-Lonzo, malgré l’absence de l’ancien Premier ministre, Augustin Matata Panyo et ses deux autres co-accusés, Déogratias Mutombo, ancien gouverneur de la Banque centrale du Congo (BCC), et Grobler Christo Stephanus, homme d’affaires sud-africain et responsable de la firme Africom qui était chargée de la mise en œuvre du projet Bukanga Lonzo. Ce dernier a évoqué des raisons de santé pour justifier son absence. Mais la Cour constitutionnelle a rejeté la demande, faute pour le prévenu d’avoir réuni la signature de trois médecins.
Dieudonné Kamuleta, président de la Cour constitutionnelle qui juge cette affaire, est resté catégorique quant à la demande de la défense de suspendre l’instruction.
La semaine dernière, Matata Ponyo avait annoncé avoir décidé de ne plus se présenter devant la Cour, la qualifiant d’incompétente pour juger un ancien Premier ministre. L’élu de Kindu conteste aussi la violation de ses immunités en tant que député national.
Il avait la même semaine porté l’affaire à l’Assemblée nationale. Vital Kamerhe, président de l’institution, avait soutenu sa démarche, appelant la haute cour de saisir officiellement l’Assemblée nationale pour demander la levée des immunités de Matata Ponyo.
Pour le procureur général, les prévenus tentent de narguer la plus haute juridiction du pays.
« Les immunités ne sont pas synonymes d’impunité… Il était sous l’effet des poursuites lorsqu’il a acquis le statut de député national. Il ne peut pas, par des subterfuges, des affabulations, vouloir créer des dilatoires, en empêchant à la cour de faire son travail… Ce prevenu est en train de se moquer de la justice. C’est un comportement inacceptable », a déploré le procureur Moke Mayele.
Quant à lui, Dieudonné Kamuleta brandit egalement l’article 151 de la Constitution qui consacre l’indépendance du pouvoir judiciaire. « L’Assemblée nationale ne peut ni donner des injonctions au pouvoir judiciaire ni intervenir dans un procès en cours », a-t-il intervenu.
Les immunités de Matata Ponyo ont été levées, en 2021 dans le cadre de cette affaire, lorsqu’il était sénateur. Depuis les élections de décembre 2023, Matata Ponyo est devenu député national. Accusé d’avoir détourné plus de 200 millions de dollars dans le cadre du projet de parc agroindustriel de Bukanga Lonzo, Matata Ponyo rejette en bloc ces accusations et ne cesse de se plaindre d’un acharnement politique déguisé en action judiciaire contre sa personne.
Infos.cd