Pour lutter contre les embouteillages dans la capitale, l’Hôtel de ville de Kinshasa essaie une nouvelle recette invraisemblable : alterner la circulation en tenant compte des numéros des plaques d’immatriculation. Les véhicules dont le dernier chiffre est impair circuleraient les jours impairs : lundi, mercredi et le vendredi. Et ceux dont les chiffres se terminent par un chiffre pair ne pourront circuler que le mardi, le jeudi et le samedi. Ce plan, lancé dans l’opinion comme un ballon d’essai, n’est pas encore officialisé, à en croire un communiqué du cabinet du gouverneur de Kinshasa, Daniel Bumba.
A écouter, la musique des chiffres pairs et impairs sonne bien dans les oreilles. Mais d’aucuns se demandent si les experts de l’Hôtel de ville ont bien calculé les conséquences que pourrait engendrer cette mesure, si jamais elle était mise en œuvre. Dans une ville où le transport en commun est organisé par des particuliers, le gouvernement provincial aurait commencé par faire l’inventaire des véhicules existant.
Est-ce que l’hôtel de ville s’est interrogé sur le comportement que pourraient afficher des chauffeurs qui ne circuleront que trois jours par semaine au lieu de six ? Est-ce que le gouvernement provincial a calculé les conséquences que ces mesures pourront engendrer sur le plan économique ? Est-ce que le gouvernement provincial a mesuré les perturbations que ces mesures pourront engendrer au niveau des établissements d’enseignement supérieur et secondaire, mais aussi dans des établissements hospitaliers ?
Pour lutter contre les embouteillages à Kinshasa, le gouvernement provincial ne devrait pas inventer la roue. Si j’étais Daniel Bumba, je commencerais par identifier les carrefours et artères qui posent problème, où les embouteillages sont fréquens. Ensuite, je solliciterais l’appui de la Commission nationale de la prévention routière (CNPR) pour réhabiliter tous les poteaux de signalisation qui ne fonctionnent plus à Kinshasa. Enfin, je demanderais à la police de la circulation routière (PCR) de jouer son vrai rôle, c’est-à-dire celle de reguler la circulation et non de tisser des leins d’amitié avec des chauffeurs. Car, les désordres vécus sur les artères de Kinshasa, est la conjugaison de l’indiscipline des chauffeurs et la complicité des policiers.
A propos des policiers à affecter dans des carrefours, pourquoi on ne penserait pas à trois équipes par carrefour. La première travaillerait de 5 à 12 heures, la seconde de 12 à 17 heures et la dernière de 17 à 22 heures. Avec cette rotation, on n’aurait pas des carrefours sans éléments de la PCR à partir de 16 heures comme d’habitude.
Avec des policiers disciplinés, consciencieux, sanctionnés en cas de manquement, les embouteillages peuvent être maîtrisés au lieu d’inventer des mesures irréalistes. En plus, si les chauffeurs sont mis au pas avec l’application stricte du Code de la route, tout sera réglé.
Pourquoi les jours où les éléments de la Garde Républicaine (GR) sont placés sur les artères de Kinshada, les chauffeurs deviennent disciplinés ? La réponse à cette question peut aider le gouverneur Daniel Bumba à trouver une solution efficace et durable pour mettre fin au phénomène embouteillages dans sa ville. Sinon, il inventera des mesures que personne ne trouve réaliste.
Si le document qui circule sur la toile est celui conçu par le gouvernement provincial pour lutter contre les embouteillages, personnellement, je crains que le gouverneur Daniel Bumba soit en train de jouer avec le feu. Gouverner, dit-on, c’est prévoir.
KUMAR NSANDING
Patriote congolais