Le débat sur la forme de l’Etat n’est pas un tabou. Que ce soit le fédéralisme (les girondins) et l’unitarisme ou le cetralisme (jacobinisme). Toutefois, cette question a été réglée d’une manière claire dans notre Constitution dans son article 220 qui fait allusion à la forme de l’Etat. Il fait partie des articles verrouillés.
Ouvrir ce débat actuellement où le pays connaît une fracture, c’est ouvrir une boîte de Pandore aux conséquences incalculables. Une révision constitutionnelle doit tenir compte de l’opportunité, la faisabilité et des priorités en dépit des autres considérations. La situation politique, économique, sociale et sécuritaire du moment ne s’y prête pas.
L’Udps, parti au pouvoir qui a mené un combat héroïque et patriotique contre la dictature du régime de Mobitu, prônait le fédéralisme. Étienne Tshisekedi, d’heureuse mémoire, mon maître en politique, avait souvent souvent l’habitude d’évoquer la Constitution de Luluabourg de 1964 qui prevoyait le fédéralisme. Il m’a parlé de cela pour la première fois lorsque je l’avais rencontré vers les années 1980 à sa résidence sur le Boulevard du 30 Juin au 1ere niveau, en face des deux immeubles jumelés. Plusieurs fois, dans ses conversations et conférences, il fesait aussi allusion à la Constitution de 1967 qui prevoyait dans son article 4 le bipartisme, pour couper court aux accusations légères et fallacieuses de ceux qui les critiquaient à tort que c’est lui qui avait consacré le monopartisme.
La Conférence nationale souveraine (CNS) avait aussi levé l’option d’une constitution fédérale.
Cette petite balade historique démontre qu’on ne peut pas en toute logique diaboliser ceux qui prônent le fédéralisme et vice-versa pour ceux qui défendent le centralisme politique. C’est une question fondamentale qui mérite une bonne distance avant de la traiter.
Le moment viendra où chacun de nous défendra sa théorie sur la forme de l’Etat et même sur la théorie de la représentation dans laquelle je prône une « représentation miroire » dans un pays mosaïque des peuples et des cultures, au lieu de la représentation de type universel qui a montré ses limites en Afrique et même dans le monde. Pour l’instant, focalisons d’abord nos énergies et intelligences pour la cohésion nationale qui est mise en dure épreuve, en mettant fin à la guerre d’une opposition armée du M23/AFC soutenue par le Rwanda. L’appel patriotique, pathétique et démocratique du chef de l’Etat Félix Antoine Tshisekedi pour l’unité en dépit des nos différences et des nos divergences est un grand pas vers la bonne direction. Cet appel mérite d’être soutenu, approfondi et consolidé. La RDC est notre dénominateur commun, un patrimoine, un bijoux de famille légué par nos aïeux. On ne peut en aucun cas le brader ou le céder.
Il faut prendre au sérieux les inquietudes de Patrice Lumumba sur la menace de balkanisation de notre pays au lendemain de son accession à l’indépendance. Le cardinal Fridolin Ambongo avait lancé aussi les mêmes cris d’alarme après une de ses tournées à l’est de notre pays. La balkanisation de la Yougoslavie, de l’Éthiopie et du Soudan doit nous donner la mesure du danger existentiel de notre pays. Ce plan est soutenu par certaines puissances occidentales qui sont prêtes à se partager comme des charognards la bête une fois tuée.
La paix est très souvent un processus cumulatif qui est dynamique et non statistique. Ce qui peut nous amener à un dialogue inclusif sous la houlette de la Cenco, l’Ecc, des musulmans, des églises du réveil et des kimbaguistes. Le couronnement de la paix passera par les processus de Nairobi et de Luanda fusionnés. Donc, la paix en trois étapes.
La première étape concerne les consultations que viennent d’initier le chef de l’Etat par le truchement de son conseillé spécial, le professeur Eberande Kolongele, qui était un moment historique, scientifique, politique et démocratique d’échange des hautes fractures. À l’issue des ces consultations, le pays dispose aujourd’hui d’une grande banque du savoir à la disposition du chef de l’Etat pour mener à bien le processus pour la paix durable. La deuxième étape, c’est le dialogue des confessions religieuses qui doit être convoqué par le chef de l’Etat et la troisième étape reste le dialogue sous la couverture de la communauté internationale. Comme préalable : que l’opposition puisse prendre un engagement solennel de ne pas écourter le mandat du président de la République et ce dernier doit aussi faire un discours solennel pour déclarer qu’il ne va pas changer la Constitution. Il doit prendre d’autres mesures de decrispations politiques (retour des exilés, libérations des prisonniers politiques, arrêt des poursuites des opposants etc..). La paix et l’intégrité territoriale sont à ce prix. L’union fait la paix, l’union fait la force, l’union engendre les progrès.
Moïse Moni Della
Porte-parole du peuple
Co-fondateur de l’UDPS
Président des Conade
Vice-ministre honoraire de la Presse et de l’Information