La présence de Joseph Kabila à Goma, en pleine crise sécuritaire dans l’Est de la RDC, a été commentée mardi par le ministre du Commerce extérieur, Julien Paluku. Lors d’un briefing presse conjoint avec le ministre de la Communication, Patrick Muyaya, il a exprimé des réserves sur cette apparition, tout en soulevant des questions sur la posture politique de l’ancien président.
« Est-ce l’homme que je connais encore ? Je ne pense pas que Joseph Kabila puisse réellement se trouver à Goma, au regard de la gravité de la situation et de la guerre qu’il a lui-même menée contre le M23 », a déclaré Julien Paluku. Il poursuit : « Si c’est bien lui et non une simple silhouette cela signifierait qu’il assume, de manière implicite, la responsabilité des morts, des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité liés à cette crise ».
Le ministre s’est également étonné de voir l’ancien chef de l’État entouré de figures jadis associées au M23.
« Si Joseph Kabila est réellement à Goma, cela veut dire qu’il a accepté de porter la charge de toutes les tueries : Kishishe, Kitshanga, Masisi, Bukavu, Goma », a-t-il déclaré.
Julien Paluku a profité de cette tribune pour rappeler que, pour Kinshasa, l’ennemi principal reste le Rwanda, accusé de soutenir activement le mouvement rebelle M23.
« Il faut que ce soit clair pour tous : c’est le Rwanda qui nous agresse. Il ne s’agit pas d’un simple conflit interne », a martelé le ministre.
La RDC est engagée depuis deux ans dans un affrontement armé direct avec Kigali, dans une région de l’Est où la situation humanitaire se dégrade de jour en jour. Le ministre a souligné l’importance des efforts diplomatiques en cours, notamment à Washington, pour tenter de ramener la paix dans la région des Grands Lacs.
Julien Paluku, ancien gouverneur du Nord-Kivu, figure centrale de la politique dans l’Est du pays, alerte ainsi sur les risques d’instabilité interne dans un contexte où l’unité nationale est plus que jamais nécessaire.
Yvette Ditshima