Lors de son discours sur l’état de la Nation devant les deux chambres du Parlement réunies en congrès le 8 décembre dernier, le chef de l’État, Félix-Antoine Tshisekedi, s’est longuement attardé sur l’état de délabrement avancé de la ville de Kinshasa, capitale de la République démocratique du Congo (RDC). Il a notamment déploré la mauvaise gestion des déchets, lesquels obstruent les caniveaux. Une situation à l’origine de graves inondations et d’embouteillages qui paralysent la circulation lors des pluies diluviennes.
Pour le président de la République, « ces dysfonctionnements mettent en danger la vie des habitants, en particulier à cause des risques sanitaires liés aux maladies hydriques ». Il a qualifié la crise de la mobilité à Kinshasa non plus de simple désagrément, mais de véritable défi national de gouvernance, appelant à des décisions urgentes, coordonnées et courageuses.
Trois semaines plus tard, le statu quo demeure. Le constat reste inchangé, rien n’a évolué. Kinshasa conserve le même visage peu reluisant, ses principales artères étant toujours couvertes de déchets plastiques, tandis que la majorité des caniveaux non curés. Même tableau pour les embouteillages, qui continuent de pourrir le quotidien des Kinoises et Kinois.
Ce constat amer amène plus d’un habitant de la capitale à se demander si le chef de l’État n’est pas entouré de collaborateurs qui ne l’écoutent pas ou qui, pire encore, refuseraient d’exécuter ses instructions.
D’aucuns se souviendront qu’il y a plus de trois mois, lors d’un Conseil des ministres, Félix Tshisekedi avait émis le vœu de ne plus voir les motocyclistes circuler dans le centre-ville. À ce jour, les motards sont toujours bien présents et de plus en plus en grand nombre, dans la commune de la Gombe.
Et puisque l’impulsion vient d’en haut, la situation qui prévaut à Kinshasa est sans doute imputable à l’autorité urbaine.
La réhabilitation de quelques routes ne suffit pas…
Loin de nous l’idée de nous acharner sur qui que ce soit, nous tiront simplement la sonnette d’alarme face à un chaos qui ne fait que perdurer.
Certes, le gouverneur Daniel Bumba pose des actes encourageants, notamment en matière de réhabilitation de certaines artères, bien que la plupart soient financés par le gouvernement centrale, mais force est de constater qu’il n’a pas encore saisi toute la portée du message du chef de l’État concernant la situation que traverse Kinshasa.
En réalité, les maux relevés par le Président de la République devant les parlementaires devraient constituer le programme d’urgence du gouverneur.
Concrètement, l’Hôtel de ville devrait s’attaquer sans délai au curage des caniveaux, à la « désachétisation » de la ville et à la prise de mesures exceptionnelles pour lutter contre les embouteillages. Sur terrain, c’est le calme plat.
Au-delà des dénonciations sur la mauvaise gouvernance de la capitale, Félix-Antoine Tshisekedi a, à travers son discours, exhorté l’autorité urbaine à mettre tout en œuvre pour moderniser la capitale de la RDC.
Réhabiliter ou construire des routes à Kisenso, Makala, Selembao, c’est louable, mais toute capitale possède des espaces vitrines, des lieux-miroirs par lesquels transitent tous les visiteurs étrangers.
Le gouverneur Daniel Bumba a-t-il déjà effectué le trajet aéroport –Saint-Raphaël pour constater l’état du boulevard Lumumba, l’une des principales artères empruntées aussi bien par les nationaux que par les étrangers (où des privés occupent des espaces publics pour ériger des terrasses)? Connaît-il l’état de l’avenue des Poids-Lourds ?
Si, par hypothèse, un chef d’État étranger demandait à son homologue congolais de visiter la célèbre Place Victoire, on peut se demander quelle réponse l’autorité urbaine serait en mesure de fournir.
Actuellement, en Afrique de l’Ouest, une concurrence s’installe entre plusieurs capitales autour de la qualité de vie. Ouagadougou, capitale du Burkina Faso, est en pleine transformation avec l’ambition d’égaler, voire de dépasser Abidjan, capitale de la Côte d’Ivoire. C’est également par esprit de comparaison que Cotonou, capitale du Bénin, figure aujourd’hui parmi les villes les plus propres d’Afrique. Pourquoi les autorités urbaines n’entreraient pas dans cette « guerre » pour embellir Kinshasa ?
Qu’est-ce qui manque, en définitive, à Daniel Bumba pour ne serait-ce que planter de la pelouse ou des palmiers afin de rendre Kinshasa agréable à voir ? Ce ne sont pourtant pas les urbanistes compétents qui manquent pour accomplir ce travail.
Le grand défi auquel est confronté Daniel Bumba est clair : tant qu’il laissera les vendeurs dits « sauvages » occuper les trottoirs des principales artères, Kinshasa restera sale, insalubre et invivable.
Apparemment, d’aucuns veulent que le chef de l’État lutte au même moment contre ceux qui occupent la partie orientale de la RDC et contre les immondices à Kinshasa. Sinon, montrez que vous êtes prêts à mettre en pratique la volonté de Fatshi !






