À l’occasion de la Journée Mondiale de la Population, célébrée ce jeudi à l’Hôtel Fleuve Congo de Kinshasa, le Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA) a lancé un appel en faveur du respect des droits reproductifs des jeunes en RDC, autour du thème : « Donner aux jeunes les moyens de fonder les familles qu’ils souhaitent dans un monde juste et plein d’espoir ».
L’événement, présidé par le Vice-Premier ministre et ministre du Plan, Guylain Nyembo, a aussi marqué le lancement officiel du Rapport mondial 2025 sur l’état de la population, produit par l’UNFPA.
Noémie Dalmonte, Représentante Adjointe de l’UNFPA en RDC, a livré un message fort :
« La véritable crise de la fertilité, dans un monde à 8 milliards d’habitants, réside dans le manque d’autonomie reproductive ».
Devant un auditoire composé de membres du gouvernement, de la société civile, de partenaires techniques et financiers ainsi que de nombreux jeunes, elle a rappelé que l’UNFPA est à l’avant-garde mondiale pour garantir la santé sexuelle et reproductive, l’accès à la contraception et le respect des droits humains fondamentaux.
À travers les témoignages poignants d’Ombeni, déplacée interne de 31 ans, déjà mère de six enfants qu’elle n’a pas choisis, ou encore de Clarisse, 22 ans, confrontée à l’infertilité, Noémie a illustré l’impact dramatique d’un système qui empêche les femmes de décider librement de leur maternité.
« Ce phénomène touche particulièrement les jeunes. Ce sont eux qui, à l’aube de leur vie d’adulte et au-delà, sont confrontés aux décisions les plus cruciales et les plus complexes. Pourtant, au lieu de les soutenir, on les rend trop souvent responsables de la baisse des taux de natalité », a-t-elle affirmé.
Malgré une baisse du taux de fécondité, passé de 6,2 enfants par femme en 2013 à 6 en 2024, et une réduction des naissances chez les adolescentes, de 138 à 91 pour 1 000 filles entre 2014 et 2024, la représentante de l’UNFPA a souligné que la fécondité des jeunes demeure un défi.
« Les taux de grossesses adolescentes non intentionnelles restent élevés, liés à des facteurs sociaux, économiques et éducatifs », a-t-elle déclaré.
Elle a aussi dénoncé la tendance à faire porter aux jeunes la responsabilité du déclin de la natalité.
« Beaucoup s’imaginent que les jeunes choisissent de ne pas avoir d’enfants par égoïsme, par souci de carrière, ou en raison de leur orientation sexuelle. Cette vision est erronée. Les jeunes nous disent qu’ils veulent être partenaires et parents, mais qu’ils ne sont pas toujours en mesure de le faire selon leurs propres conditions », a-t-elle expliqué.
Et d’ajouter :
« Les jeunes ne pensent pas seulement à leurs futurs enfants, ils pensent aussi au monde dont ils hériteront ».
L’UNFPA recommande de renforcer les politiques centrées sur les droits humains, en s’appuyant sur trois leviers l’éducation sexuelle complète, pour une meilleure connaissance de la fertilité et de la contraception ; l’indépendance économique, en facilitant l’accès à des emplois décents ; la paix, condition sine qua non pour protéger les droits et ouvrir l’accès à l’éducation, à la santé et à l’autonomie.
Noémie a souligné l’importance du prochain Recensement Général de la Population et de l’Habitat.
« Il nous permettra de mieux comprendre les dynamiques de reproduction des jeunes, leurs aspirations en matière de fertilité, et les défis auxquels ils sont confrontés », a-t-elle déclaré.
Elle a appelé à des politiques « inclusives », impliquant « toutes les personnes concernées : des jeunes aux aînés, en passant par les représentants des diverses communautés et des minorités ethniques ».
« Garantir l’accès à la santé et aux droits sexuels et reproductifs est une pierre angulaire pour des sociétés durables et inclusives », a-t-elle affirmé.
Avant de conclure :
« Je réitère l’engagement de l’UNFPA de continuer à travailler aux côtés du gouvernement de la RDC pour la réalisation des politiques et programmes de développement, dans l’action humanitaire et dans la construction de la paix, en faveur de la population et pour l’atteinte du dividende démographique ».
Dans son rapport intitulé « La véritable crise de la fécondité », l’UNFPA défend une idée centrale : chaque personne doit pouvoir décider librement si, quand et combien d’enfants avoir.
Le document dénonce les obstacles qui empêchent ce droit fondamental, notamment les contraintes économiques (logement, emploi), l’insuffisance des services de santé et de garde d’enfants, les inégalités de genre et les normes sociales rigides, ainsi que la peur de l’avenir (climat, guerre, instabilité mondiale).
Yvette Ditshima