Le vice-président kényan, William Ruto a été proclamé ce lundi vainqueur de la présidentielle avec 50,49% des voix devant Raila Odinga (48,85%).
Celui qui va devenir le président du Kenya, en attendant la confirmation de son élection par la justice, a fait parler de lui en mal en République démocratique du Congo, il y a tout juste six mois.
Le 14 février, alors qu’il encourageait les opérateurs économiques de Nyeri (au centre de son pays) à investir au-delà de leurs frontières, notamment en RDC, il en a profité pour lancer une punchline contre les Congolais qui, selon lui, « ne savent que chanter et porter des pantalons enfilés au-dessus du nombril (allusion aux sapeurs, ndlr) ».
« Ces gens sont environ 90 millions d’habitants, mais ils n’ont pas de vaches pour produire leur propre lait et continuent d’importer le lait d’Australie, de Nouvelle-Zélande et je ne sais d’où encore », avait-il lâché.
Au pays, politiques et acteurs de la société civile s’étaient indignés par ces « propos injurieux ».
L’ambassadeur du Kenya en RDC, Georges Masafu avait vite fait de présenter ses « regrets » au gouvernement congolais.
« Il [Ruto] a quitté le gouvernement, il y a trois ans, mais notre constitution ne permet pas au président de le virer. Présentement, il gère un parti de l’opposition. Ce qu’il dit n’engage pas le gouvernement », avait expliqué Georges Masafu devant le secrétaire général congolais aux Affaires étrangères.
« C’est vrai qu’il avait prononcé des propos désobligeants à l’endroit des Congolais, mais il avait dit tout haut ce que l’Afrique de l’Est pense de nous. A nous de leur prouver le contraire en retroussant nos manches. Mettons-nous au travail ! », a réagi ce lundi Marie-Josée Ifoku, actrice politique, candidate à la présidentielle congolaise de 2018.
Avec William Ruto, les relations entre le Kenya et la RDC seront toujours si privilégiées ? Sous la houlette du président Uhuru Kenyatta, Nairobi joue actuellement un rôle central dans la recherche d’une solution à la crise sécuritaire causée par le M23 avec le soutien du Rwanda. C’est dans la capitale kényane qu’a été décidé en avril dernier le déploiement de la force régionale de la Communauté des États de l’Afrique de l’Est (EAC).
Ce lundi, le contingent burundais s’est déjà déployé à Uvira dans le Sud-Kivu. Le Kenya et d’autres pays de la région, excepté le Rwanda, devraient eux-aussi déployer leurs contingents dans la partie orientale congolaise.
William Ruto va-t-il s’inscrire dans la continuité de cette démarche régionale de son prédécesseur ? Ça va se savoir d’ici la prise officielle de ses fonctions.
Socrate Nsimba