Tant qu’on ne saura quoi faire de nos déchets, Kinshasa restera l’une des villes les plus polluées du monde.
J’entends très souvent des autorités faire des raccourcis en condamnant le comportement des Kinois qui jettent des déchets partout et n’importe où. Mais se posent-ils de bonnes questions ? Quelles poubelles ont-elles placées dans chaque coin de rue, quels centres de rassemblage des déchets ont-elles prévus dans certains coins stratégiques ? Et enfin, quelles unités de traitement ou de transformation de ces déchets ont-elles créé ?
Sans tous ces éléments, même Tokyo au Japon, connu pour heberger un peuple mondialement connu pour sa propreté, serait très sale. Simplement parce que le domaine d’assainissement obéit à un processus strict. Tous les maillons de la chaîne doivent fonctionner sans faillir.
Ce n’est pas tous les Kinois qui jetent des ordures dans la rue. Je donne mon exemple. J’ai l’habitude de garder mes bouteilles d’eau ou de sucré dans la voiture. Une fois à la maison, je les place dans ma poubelle. N’est-ce pas que suis assez fier de poser un bon geste pour garder mon environnement propre ? Fierté de courte durée. » Matiti! », « matiti ! », « matiti »… tiens, tiens, devinez qui est là ? Un éboueur avec son chariot. Je vide ma poubelle et je lui remets en plus de cela 3000 francs (1,4$).
À partir de ce moment, je perds le contrôle de mes déchets. Je ne sais plus où ça va finir. Ces éboueurs, on connaît pour la plupart leur technique : sans faire le tri, ils vont, s’ils sont de bonne foi, chercher un ravin quelque part pour se libérer de leur charge. Sinon, ils vont attendre la nuit et tout déverser dans une rivière ou un caniveau. Ont-ils le choix ? La ville de Kinshasa ne leur donne malheuresemnt aucun. Il y a une dizaine d’années, sous Kimbuta, ils pouvaient aller decharger les ordures ménagères et autres détritus dans des centres de collecte créés par l’Union européenne. Mais depuis la fin du projet, tout a disparu. A la place, on a construit des maisons et des stations-services.
En français facile, si je m’étais interdit de jeter ma bouteille d’eau le long du boulevard Lumumba, à Limete, l’éboueur l’a jeté dans la rivière Kalamu, à Matonge. Je n’ai donc en réalité rien fait pour garder mon environnement propre, si ce n’est déplacer la saleté d’une commune à une autre.
Près de deux ans après son élection à la tête de la ville, que fait exactement Daniel Bumba ? Dernièrement, visionnant une image sur les réseaux sociaux dans laquelle on voit deux éboueurs profiter de la pluie pour tout déverser dans le macadam, Bumba a reproché aux témoins de la scène le fait de n’avoir pas conduit ces quidams à la police. Je suppose qu’il n’avait pas parlé avec conviction. C’est à peine que je vois quelques bacs à poubelle le long du boulevard du 30 Juin et quelques camions à l’effigie du président de la République (Je ne sais pourquoi).
Le Kinois n’est pas sale. C’est les autorités qui l’habituent à la saleté. Oui, il faut bien une campagne de changement de mentalités. Mais avant de l’évoquer, il sied avant tout créer autour du Kinois des conditions qui l’incitent à la propreté. Sinon, « musala ya punda ».






