La mission d’audit annoncée par le Vice-Premier ministre de l’Intérieur, Jacquemain Shabani, visant à contrôler la gestion financière de la capitale, les marchés publics et l’évaluation des travaux depuis 2024, suscite la contestation des autorités locales, qui la jugent inconstitutionnelle. Selon elles, cette initiative pourrait détourner l’attention de la gestion du ministre face à la montée de l’insécurité et aux défis urbains persistants.
Depuis plusieurs mois, la capitale fait face à des crimes, braquages et violences urbaines, tandis que la police peine à maintenir l’ordre dans les quartiers et avenues. Certains observateurs estiment que cet échec sécuritaire reflète un manque de leadership au sein du ministère de l’Intérieur, accusé de privilégier les effets d’annonce plutôt que des réformes structurelles.
Pour la Ville, la mission d’audit est inconstitutionnelle pour plusieurs raisons :
• Kinshasa est régie par la libre administration des provinces (articles 3, 171, 195 à 198, 204 et 221 de la Constitution) ;
• La ville jouit d’une autonomie de gestion de ses ressources humaines, financières, économiques et techniques ;
• Ses ressources sont distinctes de celles du gouvernement central ;
• Le contrôle des finances de Kinshasa ne peut être effectué que par l’Assemblée provinciale, l’IGF et la Cour des comptes (article 46 de la Loi organique de 2008 sur la libre administration des provinces).
« Récuser cette mission ne signifie pas rejeter la bonne gouvernance. La Ville a travaillé tout au long de l’année 2024 sous l’encadrement de l’IGF, et les rapports ont été transmis à la Cour des comptes et à la Direction des rééditions des comptes », a précisé un responsable municipal.
Par ailleurs, la Présidence de la République a annoncé une enquête sur la gestion du Fonds d’Assainissement de Kinshasa (FONAK). Les autorités locales insistent sur le respect strict des procédures légales pour garantir la transparence et rappellent la nécessité d’une gestion autonome de la capitale.
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