Le débat autour de la possible dissolution du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD) de Joseph Kabila continue d’alimenter la controverse à Kinshasa. Réagissant à cette initiative du gouvernement, Me Laurent Onyemba, cadre du parti Ensemble pour la République de Moïse Katumbi, a exprimé une inquiétude sur le réseau social X, mettant en garde contre les conséquences d’une telle décision.
« Toute tentative tendant à la dissolution du PPRD est un recul démocratique sans commune mesure, aux conséquences suicidaires. Ce parti est un patrimoine national comme l’UDPS Tshisekedi », a-t-il écrit, dans un message qui interpelle sur la dérive potentielle d’un système démocratique en pleine mutation.
Cette réaction intervient après que le gouvernement congolais a officiellement saisi le procureur près la Cour constitutionnelle pour demander la dissolution du PPRD pour « violations graves de la Constitution ». Dans une correspondance révélée par Jeune Afrique, le ministre de l’Intérieur, Jacquemain Shabani, accuse l’ancien parti présidentiel d’entretenir des liens avec l’Alliance Fleuve Congo (AFC), mouvement politico-militaire présenté comme la branche politique du M23, en guerre contre Kinshasa.
Le gouvernement évoque également les prises de position jugées hostiles de l’ancien président Joseph Kabila, notamment une tribune publiée dans The Sunday Times en mars, perçue comme une tentative de disculper le M23. Des déclarations tenues par le vice-président du PPRD, Aubin Minaku, lors d’un rassemblement en février, ont également été qualifiées de subversives : il y affirmait que le PPRD était « prêt à tout » pour faire tomber le régime en place.
Cette procédure judiciaire s’inscrit dans une série de tensions croissantes entre l’ancien régime et le pouvoir en place. En avril, le PPRD avait déjà été suspendu à titre conservatoire. L’annonce avortée du retour de Joseph Kabila à Goma le 18 avril, qui avait suscité des tensions sécuritaires, est également évoquée dans le dossier comme une violation du devoir de réserve et de loyauté envers la République.
Pour Me Onyemba, cette manœuvre politique dépasse les clivages partisans : elle touche aux fondements mêmes de la démocratie congolaise. « Ce duel est-il vraiment le fruit d’une alternance démocratique ? », s’interroge-t-il en conclusion de son message.
Yvette Ditshima