« Tosa ba tosa yo ». Ce slogan, lourd de sens, est la trouvaille de Jésus-Noël Sheke, ministre provincial du Plan, Budget, Fonction publique, Tourisme, Transports et de la mobilité urbaine de la ville de Kinshasa. L’opération qu’il vient de lancer vise principalement à éradiquer la mauvaise conduite des chauffeurs de taxis et des motocyclistes dans la capitale de la République Démocratique du Congo.
Annoncée comme une vaste opération de traque des chauffeurs et des conducteurs de motos, communément appelés « wewa », cette initiative ambitionne de relever un grand défi : restaurer le respect des réglementations dans le secteur des transports et rétablir l’ordre ainsi que la sécurité sur les routes de la capitale.
Tout Kinois, témoin quotidien des désordres causés par les chauffeurs de taxis, taxi-bus, bus ou même de véhicules privés, surtout les « wewa » qui foulent aux pieds le Code de la route, ne peut que saluer cette initiative du ministre Jésus-Noël Sheke.
Cependant, une question cruciale demeure : quel est le plan concret de l’équipe Sheke pour réussir là où tant d’autres ont échoué ? Certes, l’opération sera précédée d’une campagne de sensibilisation, mais là encore, une autre question se pose : les éléments des forces de l’ordre, censés faire respecter les règles du jeu, seront-ils associés à cette phase de sensibilisation ?
Car, si ceux qui doivent appliquer le plan conçu par le cabinet du ministre provincial des Transports ne sont pas eux-mêmes formés et encadrés, Jésus-Noël Sheke n’aura que ses yeux pour constater l’échec de son initiative. L’implication réelle et efficace des éléments de la police, en particulier ceux de la Police de circulation routière (PCR), s’avère indispensable.
Le ministre Sheke devrait également se rappeler qu’il y a plus d’un mois, le chef de l’État, Félix-Antoine Tshisekedi, avait décidé, lors d’un Conseil des ministres, d’interdire la circulation des motos au centre-ville. Depuis, cette mesure n’a jamais été appliquée : les motocyclistes circulent toujours librement dans la commune de la Gombe.
Le message est clair : s’il veut réellement mettre fin à l’incivisme routier, Jésus-Noël Sheke doit impérativement associer la police, la Commission Nationale de Prévention Routière (CNPR) et les Associations de chauffeurs. Chacune de ces composantes devra jouer pleinement son rôle pour assurer la réussite du « plan Sheke ».
Pour triompher de cette opération, le seul allié de taille du ministre s’appelle la police. Si cette dernière faillit à sa mission, notamment en fermant les yeux sur les infractions, ou en tolérant les conducteurs « rebelles » ou encore en négligeant l’application du Code de la route, alors, malgré la pertinence de son initiative, Jésus-Noël Sheke se heurtera à la dure réalité de Kinshasa.
Par Rombaut KASONGO
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