Un grand diplomate congolais en la personne de Jean Nguza Karl-i- Bond disait : « En diplomatie et en politique, il faut savoir accepter ses echecs et en cas de victoire, savoir la célébrer avec faste ».
L’accord paraphé hier à Washington par les experts du Rwanda et de la RDC sous l’egide des États-Unis avant que les deux ministres des Affaires étrangères ne viennent le signer lors d’une cérémonie finale le 27 juin est un événement de portée mondiale qui va mettre fin à ce que d’aucuns qualifiaient de « guerre mondiale de l’Afrique ».
Qui aurait cru que cette guerre longue et populaire qui a détruit la vie des millions des congolais pendant plus de 30 ans se terminera sans crépitement d’armes aux États-Unis ? Il faut dire que c’est un coup de maître, un coup de génie de la part du chef de l’Etat FélixTshisekedi, l’artisan principal de cette victoire.
La plus grande victoire de cet accord, c’est la réaffirmation de la souveraineté et de l’intangibilite des frontières de la RDC. Ce point dissipe les craintes de la balkanisation qui menace le pays avant, pendant et après l’indépendance. Cette victoire n’est pas celle d’un homme, Félix Tshisekedi, d’un parti Udps ou d’un gouvernement Suminwa. C’est la victoire de tous les patrotes congolais voire des panafricanistes qui veulent voir dans leur grande majorité un Congo uni et fort, en dépit de nos différences et divergences.
Mais, gare à l’emballement ! Ce ne sera pas la première fois que la RDC et le Rwanda signent un accord de paix, pour prétendre que cela mettra fin à la guerre vielle de 30 ans.
La fin de cette guerre dépendra de la capacité de la RDC à devenir une véritable puissance militaire régionale. Neutraliser la centaine de groupes armés dans l’est et imposer l’autorité de l’Etat. Tant qu’on n’aura pas rempli cette mission regalienne, l’on ne sera pas non plus à l’abri de revivre d’autres épisodes de déstabilisation.
Ce serait une erreur monumentale de croire que seuls le Rwanda et le M23 sont à la base de l’insécurité dans l’est du pays. Chaque groupe armé, local ou extérieur, apporte son lot de malheur, selon ses objectifs. Les uns expansionnistes, les autres justes parcellaires. Mais tous convergent sur le pillage des ressources du pays.
Il convient surtout de rappeler que les États-Unis sont aussi parmi les signataires (garants) de l’accord cadre d’Addis-Abeba signé en 2013. Mais cet accord, qui consacre les mêmes principes d’intangibilité des frontières, comme celui qui est en train d’être bientôt signé, n’a jamais été respecté malgré sa pertinence et même son inclusivité (tous les pays de la région sont signataires, en plus des partenaires internationaux).
Enfin, il ne se pas superflu d’organiser un dialogue entre Congolais, au niveau interne, pour l’appropriation de cet accord de Washington.
Moïse Moni Della
Porte-parole du peuple
Président du parti Conade
Co-fondateur de l’UDPS
Vice-ministre honoraire de l’Information et de la Presse