L’ancien président est dans le viseur de l’auditeur général près la Haute cour militaire, Lucien-René Likulia Bakumi, qui l’accuse de trahison, crime de guerre et participation à un mouvement insurrectionnel.
Ce 22 mai au Palais du peuple, les sénateurs en écrasante majorité (88 pour contre 5 contre et deux abstentions ) ont adopté une Resolution qui autorise des poursuites contre Joseph Kabila qui jouit du statut de sénateur à vie, en tant qu’ancien chef de l’État.
Dans son réquisitoire, l’auditeur général près la Haute cour militaire, Lucien-René Likulia Bakumi, accuse l’ancien président de trahison, de crime de guerre et de participation à un mouvement insurrectionnel.
Selon lui, il y a « présomption grave, précise et concordante » du soutien de Joseph Kabila à la coalition M23/AFC qui « sème mort, massacres et pillages dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu ». Il s’appuie sur les aveux de Éric Nkuba, un proche de Corneille Nangaa arrêté en janvier 2024 à l’aéroport de Dar-es-salam en Tanzanie, puis transféré à Kinshasa, qui avait fait mention d’une conversation téléphonique à Kampala entre Corneille Nangaa et Joseph Kabila. Les dernières sorties médiatiques de l’ancien président a également donné la puce à l’oreille au magistrat militaire. Mais également sa prétendue présence à Goma, ville contrôlée par le M23 le 18 avril dernier, l’auditeur citant des médias internationaux. Il dit en plus disposer des preuves supplémentaires sur cette présence à Goma.
Pour arriver à cette levée des immunités, une commission spéciale, composée de 40 membres, s’est réunies depuis le 19 mai et tous ses membres ont à l’unanimité voté pour les poursuites contre Joseph Kabila.
Alors que la loi de 2018 portant statut des anciens chefs d’État élus exige que les deux chambres se réunissent en congrès avant la levée des immunités d’un ancien président, l’auditeur général soutient que seul le Sénat est habileté à statuer d’autant plus qu’il s’agit des faits commis après sa prise des fonctions. Il qualifie même cette loi d’anti-constitutionnelle, promulguée » in tempore suspecto » [la veille de la fin de son mandat].
Le camp de l’ancien président n’a de cesse qualifier cette démarche de violation flagrante de la loi. Invité pour se défendre le 20 mai sur ces accusations, Joseph Kabila, qui a quitté le pays depuis janvier 2024, n’a donné aucune suite.
Lucien-René Likulia Bakumi évoque également ses voyages dans des » pays hostiles « .
CN