Un sondage du Groupe d’études sur le Congo (GEC) et son partenaire local de recherche Ebuteli avec le Bureau d’études, de recherche et de consulting international (Berci) place l’actuel Président en tête des intentions de vote (30,9%) à la prochaine élection présidentielle. Félix Tshisekedi caracole en tête, loin devant son principal opposant Martin Fayulu, arrivé deuxième avec 17,1%. Mais, rien n’est gagné d’avance pour Fatshi dans une bataille qui va se jouer sur le jeu des alliances. Décryptage.
La victoire de Félix-Antoine Tshisekedi à la prochaine présidentielle est-elle quasi-assurée ? Si la posture de Président de la République lui donne déjà un certain avantage en termes des moyens (financiers, sécuritaires, politiques) par rapport à ses concurrents, les résultats du sondage réalisé entre avril et mai 2022 par le Groupe d’études sur le Congo (GEC) et son partenaire local de recherche Ebuteli avec le Bureau d’études, de recherche et de consulting international (Berci) vient comme une cerise sur le gâteau.
Cette étude accrédite l’actuel chef de l’Etat d’une confortable première place dans les intentions de vote (30,9%). Celui qui passe aujourd’hui comme son opposant numéro un, Martin Fayulu, vient en deuxième position avec 17,1%, suivi de Moïse Katumbi (15,1%), Vital Kamerhe (6,7%), Joseph Kabila (5,3%), Jean-Pierre Bemba (4,7%), Matata Ponyo (4,4%) et Adolphe Muzito (2,3%).
Toutefois, les auteurs de cette étude apportent une nuance capitale : « Les résultats de ce sondage laissent ainsi entrevoir l’importance du jeu des alliances en cours pour ce scrutin à un tour à venir. Réunis, les principaux candidats potentiels de l’opposition sont à 44% d’intentions de vote. Un score quasi similaire à celui du Président Tshisekedi et de ses potentiels soutiens (42%) ».
Ils considèrent ainsi que si Fayulu, Katumbi, Kabila et Matata font front commun, ils pourront battre Félix Tshisekedi (44% contre 42%) même si ce dernier bénéficie du précieux soutien de Vital Kamerhe, récemment blanchi après une condamnation à 13 ans de prison, et de Jean-Pierre Bemba, résolument engagé au sein de l’Union sacrée.
Muzito arbitre
Mais, une chose est d’envisager une candidature commune de l’opposition. Une autre est de vivre sa réalité, tant la guerre des égos a souvent fait rage.
Katumbi et Kabila ont fini par se réconcilier en tant que frères de l’espace katangais. Un rapprochement fraternel possible d’engendrer une alliance politique.
Entretemps, à travers le Bloc patriotique, Martin Fayulu s’est rapproché de Joseph Kabila depuis quelques mois. Ce qui n’a vraiment pas plu à son partenaire de tous les temps depuis Genève, Adolphe Muzito qui n’entend pas faire route avec un camp Kabila qu’il accuse encore d’être à la base de la « crise de légitimité » actuelle.
Le leader de Nouvel élan, qui ne ferme aucune porte aux nouveaux partenariats, à condition de se mettre d’accord autour d’un projet de société commun, pourrait jouer le rôle d’arbitre dans ce jeu des alliances pour départager les deux camps qui se dessinent.
S’il rejoint le camp présidentiel, il permettrait à Félix Tshisekedi de passer en tête, sur base de ce sondage.
Par ailleurs, de l’issue de la saga judiciaire sur l’affaire parc-agroindustriel de Bukanga Lonzo pourrait dépendre le choix de Matata Ponyo, qui a d’ailleurs déjà eu des premiers contacts avec Martin Fayulu.
Somme toute, le scrutin à un tour, contesté en 2011 par l’UDPS alors dans l’opposition, joue aujourd’hui en faveur de Félix Tshisekedi qui peut, fort de son pouvoir politique, miser une pièce sur la division de l’opposition. Il lui suffira d’attirer un opposant derrière sa candidature.
Dans un pays où l’on dit souvent que la « politique est dynamique », c’est un peu à sa portée.
Socrate Nsimba