Le bras de fer entre Félix Tshisekedi et son prédécesseur Joseph Kabila s’intensifie. Le gouvernement a officiellement saisi le procureur près la Cour constitutionnelle pour demander la dissolution du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD) de Kabila, pour « violations graves de la Constitution ».
Dans un document révélé par Jeune Afrique, le ministre de l’Intérieur, Jacquemain Shabani, accuse le PPRD d’être lié à l’Alliance Fleuve Congo (AFC), mouvement politico-militaire perçu comme la branche politique du M23, en guerre contre Kinshasa. Il évoque notamment l’implication présumée de certains cadres du parti dans ce groupe rebelle.
Le gouvernement reproche également à Joseph Kabila plusieurs prises de position publiques jugées hostiles à l’État congolais. Parmi elles, une tribune publiée dans The Sunday Times, interprétée comme une tentative de disculper le M23. À cela s’ajoutent des propos qualifiés de subversifs d’Aubin Minaku, vice-président du parti, qui aurait déclaré lors d’une manifestation en février que le PPRD était « prêt à tout » pour faire tomber le pouvoir.
Cette procédure fait suite à la suspension temporaire du PPRD en avril, et marque une nouvelle étape dans l’escalade des tensions politiques. L’annonce avortée du retour de Kabila à Goma le 18 avril avait déjà provoqué l’ire du pouvoir. Dans sa lettre à la Cour, le gouvernement l’accuse de manquement à son devoir de réserve et de loyauté envers la République.
Giscard Havril Mane