Que ce soit par conviction personnelle ou par contrainte politique ou légale, il est déjà arrivé plus d’une fois qu’un ministre du gouvernement central dépose sa démission ces dix dernières années. Petit rappel.
Constant Mutamba
Dans une lettre de quatre pages transmise le 17 juin au chef de l’Etat, Constant Mutamba a présenté, « non sans regret », sa démission à la tête du ministère de la Justice et Garde des Sceaux.
Le jeune ministre a été contraint de céder son fauteuil après que l’Assemblée nationale a donné le feu vert à la demande du procureur général près la Cour de cassation de le poursuivre pour détournement présumé de près de 20 millions de dollars américains destinés à la construction d’une prison à Kisangani, dans la province de la Tshopo.
Si la culture de la démission n’est pas reconnue comme le propre des dirigeants congolais, il est tout de même arrivé plus d’une fois, en dix dernières années, qu’un ministre jette l’éponge soit par conviction personnelle soit par contrainte politique ou légale.
Stéphanie Mbombo Muamba
Une année après sa prise des fonctions, Constant Mutamba est donc devenu le deuxième ministre du gouvernement Judith Suminwa à démissionner. La première à le faire se nomme, Stéphanie Mbombo Muamba, ministre déléguée près la ministre de l’Environnement, en charge de l’économie et du climat, évoquant des raisons de « convenance personnelle ». Mais personne ne saura vraiment avec exactitude les vraies raisons de ce départ, dès le début de son mandat.
Tunda Ya Kasende
Si Mutamba est parti par contrainte légale, cinq ans en arrière, l’un de ses prédécesseurs au même portefeuille a été politiquement poussé à la démission. Il s’agit de Celestin Tunda ya Kasende. Le 11 juillet 2020, il dépose sa démission auprès du Premier ministre, Sylvestre Ilunkamba. Alors Vice-Premier ministre chargé de la Justice et transfuge du Front commun pour le Congo (FCC de Joseph Kabila), Tunda ya Kasende provoque une Tsunami politique après avoir transmis au Parlement des « avis non validés » par le Conseil des ministres sur une initiative de réforme de la justice proposée par les députés Aubin Minaku et Gary Sakata, tous du FCC. Il sera même convoqué par le procureur général près la Cour de cassation pour ce qui sera l’un des faits saillants ayant conduit, fin 2020, à l’éclatement de la coalition FCC-CACH entre Joseph Kabila et Félix Tshisekedi.
Le trio Mwando-Okende-Kilumba
Si le gouvernement Suminwa a déjà connu deux départs, celui de Sylvestre Ilunga un, l’équipe de Sama Lukonde en a connu trois, simultanément pour des raisons politiques. Nous sommes en décembre 2022. Moïse Katumbi et son parti Ensemble pour la République décident de quitter l’Union sacrée de la nation, la coalition formée autour de Félix Tshisekedi au moment de sa rupture avec Joseph Kabila. Sonne alors l’heure du choix pour des membres du gouvernement issus du camp de l’ancien gouverneur du Katanga. Le 28 décembre 2022, les ministres Christian Mwando du Plan, Cherubin Okende des Transports et Voies de communication et la vice-ministre de la Santé Véronique Kilumba prennent la décision de démissionner et sautent sur le premier vol vers Lubumbashi où se tient le premier congrès du parti Ensemble pour la République. Tout l’inverse de Christophe Lutundula, Vice-Premier ministre chargé des Affairesétrangères; de Modeste Mutinga, ministre de l’Action humanitaire et de Serge Shembo Nkonde des Sports et Loisirs et Mohindo Nzangi de l’Enseignement supérieur et universitaire, qui ont décidé de continuer dans le gouvernement.
Kamitatu, Lukonde, Kibala, Bolengetenge
Est-ce pour son aura politique ou ou de son pouvoir financier ? En tout cas, ce n’était pas la première fois que Moïse Katumbi influence des départs au sein du gouvernement.
La première fois, c’était en 2015, lorsque Olivier Kamitatu du Plan, Sama Lukonde des Sports, Jean-Claude Kibala de la Fonction publique, Dieudonné Bolengetenge des Affaires foncières (actuel secrétaire général de son parti) quittent tour à tour le gouvernement Matata, après que leurs formations politiques, réunis au sein du G7 (Groupe des sept frondeurs) dénoncent les intentions de Joseph Kabila à changer la Constitution pour se maintenir au pouvoir au-delà de la fin de son mandat. Malgré sa démission, quelques jours avant, Olivier Kamitatu verra le président Joseph Kabila signer sa révocation le 16 septembre 2015.
Socrate Nsimba