Alors que la République démocratique du Congo affiche des chiffres impressionnants en matière d’exportation minière, le quotidien des Congolais demeure précaire. C’est le constat dressé par le ministre du Commerce extérieur, Julien Paluku, lors d’un briefing presse tenu mardi aux côtés du ministre de la Communication et des Médias.
« Nous avons exporté 152 000 tonnes de cobalt et 3,1 millions de tonnes de cuivre en 2024. Cela représente près de 90 milliards de dollars. Mais cela ne se ressent pas dans les paniers de la ménagère », a déploré le ministre.
Face à cette situation, Julien Paluku a plaidé pour une diversification économique, en misant sur un secteur trop souvent marginalisé : l’agriculture. Pour étayer son propos, il a comparé la valeur marchande de certaines matières premières.
« La tonne de cuivre coûte 9 534 dollars, alors que celle du cacao atteint 10 310 dollars », a-t-il indiqué avant de souligner que « le secteur minier n’a pas été porteur de croissance ».
La RDC dispose de 80 millions d’hectares de terres arables. Exploiter ne serait-ce que la moitié de cette superficie pourrait générer jusqu’à 120 millions d’emplois, selon le ministre.
« Un hectare emploie trois personnes. Or, nous sommes autour de 100 millions d’habitants. Cela signifie qu’un jour, nous pourrions même importer de la main-d’œuvre », a-t-il affirmé.
Pour Julien Paluku, l’agriculture offre un double avantage : nourrir la population et créer de l’emploi à grande échelle, tout en renforçant l’économie nationale. Mais produire ne suffit pas, prévient-il. Il faut également garantir des débouchés aux produits agricoles.
Dans cette logique, le ministre a mis en avant la stratégie d’ouverture vers les marchés extérieurs. Il a notamment cité le partenariat avec les États-Unis via l’AGOA (African Growth and Opportunity Act), qui facilite l’exportation des produits africains vers le marché américain.
« Produire, transformer localement, identifier les marchés : telle est la feuille de route pour bâtir une économie résiliente », a-t-il déclaré, exhortant la population congolaise à « migrer vers le secteur agricole ».
Selon Julien Paluku, cette transition est indispensable pour que les richesses du pays profitent enfin à sa population.
Yvette Ditshima