Le secrétaire général de la CENCO, Mgr Donatien Nshole, considère que limiter les pourparlers de paix au gouvernement congolais et au M23 risque de légitimer la violence comme voie d’accès politique en République démocratique du Congo, alors que les discussions se poursuivent à Doha et à Washington. « On ne trouvera pas la solution dans la guerre », insiste-t-il.
Invité du journal Afrique de TV5 vendredi, pour Nshole la crise sécuritaire dans l’Est ne peut être résolue par les armes. « Ce n’est pas dans la guerre, ni dans la violence qu’on trouvera la solution », rappelle-t-il. Il affirme avoir défendu depuis des mois un dialogue inclusif, y compris avec ceux qui ont pris les armes une position qui lui avait valu d’être accusé de « traîtrise ». Les initiatives diplomatiques actuelles vont dans ce sens, estime-t-il, mais restent « limitées ».
Selon Mgr Nshole, un cadre bilatéral réduit à un face-à-face gouvernement–M23 enverrait un signal négatif : « Ce serait décourager les opposants politiques qui n’ont pas pris les armes ». Il appelle donc à rompre avec les négociations passées « régies par des agendas politiques » et à engager une démarche plus large.
Les Églises catholique et protestante prônent désormais le pacte social, une approche nationale centrée sur une réflexion d’experts sur les causes profondes de la crise et indépendante des calculs politiques.
« Les initiatives extérieures ont leur place, mais elles seront inefficaces si l’on ne tient pas compte de la dynamique nationale », explique Mgr Nshole, qui insiste sur la nécessité d’un dialogue initié depuis la RDC, plutôt que dans des capitales étrangères.
Face aux soupçons qui entourent certaines médiations internationales, il répond fermement : « La paix ne se négocie pas comme une concession minière ». Interrogé sur les critiques du cardinal Fridolin Ambongo à l’égard de la médiation américaine soupçonnée d’être motivée par des intérêts miniers, il nuance sans dévier de sa position.
« On ne peut pas comparer la paix avec les minerais. La paix est d’abord une dynamique du cœur ».
Il souligne également que les ressources du pays doivent bénéficier « d’abord au peuple congolais ».
S’agissant du pacte social, il rejette toute interprétation pouvant y voir un soutien aux groupes armés ou une contestation du pouvoir. « Ce n’est pas une caution à la rébellion. Ce n’est pas une négation de la légitimité du pouvoir. C’est un cadre pour réfléchir sur notre avenir », précise-t-il. Une démarche conforme à la Constitution, centrée sur la recherche du bien commun.
Pour Mgr Nshole, l’Église et la politique partagent une même mission : servir le peuple, même si leurs logiques diffèrent. Quant au pardon, il répond sans détour :
« Oui, il faut pardonner absolument ».
Le secrétaire général de la CENCO participe ce samedi, à Paris, à la Journée du pacte social pour la paix en RDC, un rendez-vous consacré aux causes profondes de la crise et aux pistes d’une paix durable dans la région des Grands Lacs.
Giscard Havril Mane






