Le président congolais a abordé, au cours de son interview mardi, la problématique de changement de la Constitution.
Pour lui, le mode actuel de désignation des gouverneurs, élus au suffrage indirect par les députés provinciaux, « fragilise » les provinces.
Comme il y a trois mois à Paris devant la diaspora congolaise, Tshisekedi a mis en avant la nécessité de passer à une nouvelle Constitution «adaptée et pensée par les nationaux et non comme celle en vigueur qui a été importée».
Parmi les innovations qu’il souhaite y apporter, l’introduction d’un nouveau mode de désignation des animateurs des institutions en provinces. Ceux-ci devraient être, dans l’entendement du président, nommés par le gouvernement central.
Ce qui renforcerait, à ses yeux, leur redevabilité.
En plaidant carrément pour le changement et non la modification de certains articles de la Constitution, Félix Tshisekedi contourne ainsi les dispositions verrouillées de l’article 220. Cette disposition écarte la possibilité d’une modification de la Constitution pour changer la forme républicaine de l’Etat, le principe du suffrage universel, le nombre et la durée des mandats du président de la République, l’indépendance du pouvoir judiciaire et la réduction des prérogatives des provinces et des entités territoriales décentralisée.
Un changement de Constitution qui passe par référendum remettrait les conteurs à zéro. Ce qui devrait permettre à Félix Tshisekedi de briguer un nouveau mandat présidentiel alors que sa seconde et sa dernière selon l’actuelle constitution, expire en 2028.
Sujet sensible, la perspective d’un changement de Constitution était à la base des manifestations violentes et meurtrières entre 2015 et 2018 au pays. L’ancien président, Joseph Kabila, qui était à son dernier mandat, avait finalement choisi de ne pas toucher à la loi fondamentale.
Il faut dire la pression de l’opposition et de la société civile, en tête l’église catholique, était intense. Sera-t-il le cas aujourd’hui que l’opposition semble affaiblie ? En tout cas, ce sujet devrait animer la vie publique congolaise ces prochaines années.
Yvette Ditshima