Participant jeudi au Forum international Global Gateway 2025 à Bruxelles, le président congolais Félix Antoine Tshisekedi a surpris son auditoire en s’adressant directement à Paul Kagame, son homologue rwandais, pour lui proposer une « paix de braves » destinée à mettre fin aux violences meurtrières qui déchirent l’Est de la RDC depuis des décennies.
Cette déclaration, inattendue tant sur la scène nationale qu’internationale, a immédiatement déclenché une vague de réactions au sein de la classe politique congolaise.
Jean-Marc Kabund, ancien allié devenu farouche opposant, a exprimé son incompréhension totale.
« Je viens de regarder une vidéo dans laquelle le Chef de l’État de la République démocratique du Congo s’exprime lors d’un forum international. Dites-moi que ce n’est pas vrai, ce que je viens d’entendre. Si cela l’est, je me pose la question : dans quoi sommes-nous ? », a écrit l’ex-président intérimaire de l’UDPS et leader du parti Alliance pour le Changement.
Pour l’opposant Seth Kikuni, ce revirement traduit l’impuissance militaire de Kinshasa.
« Félix Tshisekedi a réalisé aujourd’hui qu’il ne peut plus mener la guerre, car l’AFC/M23 s’est transformée et porte désormais un visage entièrement congolais », a-t-il commenté sur X.
Delly Sessanga, de son côté, a dénoncé une incohérence présidentielle.
« De la moindre escarmouche à ça… Tout ça pour ça ! Où est le sérieux ? Où est la ligne ? Le gâchis incarné. Un président à géométrie variable, qui change de position au gré des applaudissements et des voyages, n’inspire ni confiance ni respect. Le Congo mérite sans doute mieux », a-t-il fustigé.
Un autre opposant, ayant requis l’anonymat, estime que Félix Tshisekedi finit par rejoindre des positions jadis combattues au sein même de son entourage.
« Fortunat Biselele a été emprisonné pour avoir prôné un dialogue avec Kagame. Vital Kamerhe a perdu son poste et a été fréquemment critiqué au sein de l’UDPS et de l’USN pour avoir recommandé des pourparlers avec le Rwanda. De nombreux opposants ont été contraints à l’exil pour avoir osé proposer des discussions avec Kigali. Ce n’est qu’aujourd’hui, mettant de côté toute réticence, que le président Tshisekedi déclare tendre la main à Kagame, après l’avoir pourtant menacé, par le passé, de conséquences sévères », a-t-il déclaré.
Cette volte-face intervient dans un contexte déjà tendu entre Kinshasa et Kigali, marqué par des accusations réciproques d’ingérence et de soutien à des groupes armés. Depuis le début de l’année, plusieurs voix, en RDC comme à l’étranger, réclamaient des sanctions contre le Rwanda, accusé d’appuyer militairement le M23.
Cephas Kabamba