Alors que le monde célèbre ce 5 mai la Journée internationale de la sage-femme, l’attention est tournée vers les zones de crise où ces professionnelles de santé sauvent des vies dans l’ombre. En République démocratique du Congo, où les violences armées persistent à l’Est depuis janvier 2025, les sages-femmes sont devenues un pilier indispensable de la réponse humanitaire.
Sous le thème mondial « Sages-femmes : indispensables dans chaque crise », l’édition 2025 met en avant l’urgence de renforcer leur rôle et leur reconnaissance. « Lorsque des bombes tombent ou que des inondations emportent des routes et des maisons, les sages-femmes sont souvent les premières à intervenir et la dernière ligne de défense », a déclaré la Directrice exécutive du Fonds des Nations-Unies pour la Population UNFPA, Dr Natalia Kanem.
En RDC, 183 sages-femmes ont été déployées dans 33 structures de santé des provinces affectées, à travers le dispositif minimum d’urgence (DMU) mis en œuvre par l’UNFPA. Leur présence permet d’assurer un accès vital à la santé sexuelle et reproductive, y compris la planification familiale, tout en soutenant les survivantes de violences sexuelles et sexistes.
Mais le défi est immense. La dégradation du système de santé et la montée des conflits compromettent gravement les efforts déployés.
« Les sages-femmes s’exposent souvent à d’énormes risques lorsqu’elles s’aventurent à prodiguer des soins aux femmes et aux filles dans des communautés difficiles d’accès », souligne Dr Kanem.
Selon les statistiques dévoilées par UNFPA, chaque jour, dans le monde, 712 femmes meurent de complications liées à la grossesse ou à l’accouchement, et plus de 11 000 décès de nouveau-nés et de mortinaissances sont enregistrés. En Afrique subsaharienne, plus de 70 % des décès maternels surviennent, et la RDC n’échappe pas à cette réalité.
Pour répondre à cette urgence, l’UNFPA et ses partenaires ont lancé le 7 avril 2025 l’initiative mondiale « Midwifery Accelerator », destinée à renforcer la profession de sage-femme. Ce mécanisme propose une approche en trois piliers : investissements politiques et financiers, formation et fidélisation, leadership et plaidoyer.
« Les sages-femmes peuvent fournir 90 % des soins essentiels en santé sexuelle, reproductive, maternelle et néonatale », rappelle la cheffe de l’agence onusienne, tout en appelant les gouvernements à investir massivement dans cette profession trop souvent négligée, « Travaillons ensemble pour mettre fin à la pénurie mondiale de près d’un million de sages-femmes et garantir que nous puissions mettre fin, une fois pour toutes, aux décès maternels évitables ».
Yvette Ditshima