Dans un rapport publié ce mercredi, Human Rights Watch a livré de nouvelles révélations sur l’assassinat de Delphin Katembo Vinywasiki, plus connu sous le nom de Delcat Idengo, un chanteur et activiste congolais tué par des combattants du M23 à Goma, le 13 février dernier.
Des témoignages audio et vidéo examinés par l’organisation indiquent que lorsque des jeeps sont arrivées chez Delcat Idengo, celui-ci a tenté de s’enfuir avant d’être abattu par des hommes armés. Des photographies prises après sa mort montrent plusieurs blessures par balles sur son corps, notamment à la tête, aux bras et à la main droite. Selon des experts médico-légaux indépendants cités par Human Rights Watch, ces blessures suggèrent qu’il a tenté de se protéger la tête avec ses bras au moment où on lui a tiré dessus.
Lawrence Kanyuka, porte-parole du M23, a reconnu que ses combattants avaient tué Delcat Idengo, l’accusant d’être un membre du mouvement citoyen LUCHA.
« On a interdit à la population de porter des insignes militaires. On l’a trouvé chez lui avec des insignes militaires lors d’une opération de ratissage », a-t-il déclaré.
Toutefois, des éléments troublants viennent remettre en question cette version. Human Rights Watch note que les vêtements portés par Delcat Idengo au moment de son exécution font l’objet de contradictions. Certains médias affirment qu’il tournait un clip musical lorsqu’il a été abattu. Sur certaines photos diffusées après sa mort, il apparaît vêtu d’un pantalon de camouflage de style militaire, tandis que d’autres clichés le montrent portant un pantalon blanc avec un drapeau congolais brodé. Cela suggère, selon le rapport, que ses vêtements ont été changés après son meurtre. Aucune arme n’a été retrouvée à ses côtés.
Membre actif au sein du mouvement LUCHA entre 2018 et 2020 à Beni. Le chanteur avait déjà eu des démêlés avec la justice. En 2021, il avait été poursuivi, mais finalement acquitté, pour avoir insulté le président Félix Tshisekedi et propagé de « fausses rumeurs » à travers des chansons dénonçant les promesses non tenues du chef de l’État. En 2024, il avait été emprisonné pour avoir prétendument incité à un soulèvement armé contre les Casques bleus de l’ONU, avant de s’évader de la prison de Goma lors de l’offensive du M23.
La veille de son assassinat, le 12 février, Delcat Idengo avait publié une chanson dénonçant « l’occupation tutsie » et critiquant sévèrement le M23.
Yvette Ditshima