Plus de trois ans après leur fermeture, les postes frontaliers de Bunagana et Ishasha, reliant la RDC à l’Ouganda, ont été rouverts officiellement jeudi. La décision, prise par le président ougandais Yoweri Kaguta Museveni, vise à relancer les échanges commerciaux dans cette région longtemps perturbée par l’insécurité, bien que la zone reste sous contrôle de la coalition rebelle M23/AFC.
La cérémonie de réouverture a eu lieu à Bunagana, en présence des autorités ougandaises et congolaises, dont des représentants locaux nommés par le M23. Le général ougandais Muhozi Kainerugaba a salué une mesure censée stimuler l’économie transfrontalière. Du côté congolais, le chef de la cité de Bunagana, Désiré Kanyamarere, s’est réjoui d’une décision susceptible d’alléger la vie des habitants et de fluidifier les mouvements de biens et de personnes.
À Goma, la population espère une baisse des prix des produits de première nécessité, grâce à cette normalisation commerciale. Plusieurs voix locales réclament toutefois la réouverture de l’aéroport international et des institutions bancaires pour compléter ce redémarrage économique.
Cependant, cette évolution n’est pas exempte de tensions. De nombreux analystes redoutent que la légalisation du commerce à Bunagana renforce le pouvoir économique du M23, qui occupe toujours plusieurs zones stratégiques à l’Est de la RDC avec, selon Kinshasa, le soutien du Rwanda.
À Kampala, la décision est motivée par des enjeux économiques. L’Ouganda, privé d’échanges formels avec la RDC depuis 2022, aurait perdu des revenus importants, contrairement au Rwanda qui maintient ses accès commerciaux ouverts.
Cephas Kabamba