Réunis vendredi au Conseil de sécurité de l’ONU, les États-Unis ont adressé un avertissement ferme à Kinshasa, Kigali et aux rebelles du M23 : respecter les accords de paix signés ou s’exposer à de lourdes sanctions internationales.
C’est l’ambassadrice américaine auprès de l’ONU, Dorothy Shea, qui a sonné l’alarme au nom de Washington. Dressant un tableau sombre de la situation dans l’Est de la RDC, elle a dénoncé « les tueries horribles du M23, soutenu par le Rwanda », affirmant que son gouvernement dispose de preuves confirmant l’implication de militaires rwandais dans les combats, notamment au Sud-Kivu.
Si Kigali et le M23 ont été pointés du doigt, l’armée congolaise n’a pas été épargnée : « certains de ses membres sont accusés de collusion avec des groupes armés », a souligné la diplomate. Washington s’est également dit préoccupé par la montée en puissance de Daech, auteur de récentes attaques meurtrières contre des chrétiens en RDC.
Les États-Unis exigent le retrait des forces rwandaises conformément à l’Accord bilatéral RDC-Rwanda du 27 juin, ainsi que le respect du cessez-le-feu permanent prévu dans la Déclaration de Doha entre Kinshasa et le M23. « La poursuite des hostilités va à l’encontre des accords signés. Les fauteurs de troubles devront rendre des comptes », a martelé Dorothy Shea.
Washington a rappelé avoir sanctionné, dès le 12 août dernier, quatre entreprises impliquées dans le commerce illicite de minerais issus des zones de conflit. « Les promesses non tenues auront un prix », a averti l’ambassadrice.
Tout en durcissant le ton, les États-Unis disent soutenir les initiatives en cours, notamment les pourparlers de Doha menés par le Qatar, la médiation de l’Union africaine sous l’égide du président togolais, les actions du CICR et les travaux du Mécanisme conjoint de coordination de la sécurité (JSCM). Washington se dit également disposé à investir dans l’intégration économique régionale, mais à une condition : « que l’administration de la région revienne effectivement au gouvernement congolais, au bénéfice des populations locales ».
En conclusion, l’ambassadrice américaine a exhorté la communauté internationale à tenir responsables Daech, les groupes armés et tous les acteurs qui déstabilisent la région. Pour Washington, la paix dans les Kivu est un passage obligé vers la stabilité de toute l’Afrique centrale. Un signal fort : le temps des excuses est terminé, place à l’action.
Giscard Havril Mane