À la veille des pourparlers directs entre le gouvernement congolais et les rebelles du M23, prévus ce mardi 18 mars à Luanda sous la médiation de l’Angola, la République démocratique du Congo (RDC) a soumis ses observations au Secrétariat de la Communauté de l’Afrique de l’Est (CAE) à la suite de la réunion consultative des ministres des Affaires étrangères et de la Défense de la CAE, tenue le 15 mars à Nairobi. Kinshasa insiste sur des mesures concrètes pour mettre fin aux violences dans l’Est du pays et assurer la mise en œuvre des engagements pris au niveau régional et international.
Parmi les priorités mises en avant, la RDC réclame des critères rigoureux et impartiaux dans la nomination des co-facilitateurs du processus de paix. Elle propose à cet effet « la désignation de Son Excellence Sahle-Work Zewde, ancienne présidente de l’Éthiopie, dont l’expertise diplomatique constitue un atout précieux pour le processus. »
Kinshasa exige également un calendrier précis pour l’application des décisions prises, notamment concernant « l’entrée en vigueur immédiate du cessez-le-feu et le retrait inconditionnel du M23 et des Forces de Défense Rwandaises (RDF), conformément à la résolution 2773 et aux conclusions du sommet EAC-SADC de Dar es Salaam. »
Dans son courrier, la RDC souligne aussi l’importance de s’appuyer sur les mécanismes existants, tels que le Processus de Luanda, celui de Nairobi et le Mécanisme conjoint de vérification élargi (MCVE), afin d’« éviter la dispersion des efforts et garantir une réponse coordonnée et efficace. »
Enfin, Kinshasa rappelle le caractère contraignant de la résolution 2773 du Conseil de sécurité de l’ONU et insiste sur sa mise en œuvre immédiate.
« Cette résolution s’impose à toutes les parties et doit être une priorité absolue pour stabiliser l’Est de la RDC et la sous-région ».
Les négociations, prévues pour le mardi 18 mars à Luanda sous la médiation du président angolais João Lourenço, marquent un changement de stratégie du président Félix Tshisekedi, qui avait jusqu’ici refusé toute discussion avec les rebelles, qualifiés de « terroristes sous influence étrangère ».
Depuis fin 2021, le M23, soutenu par le Rwanda selon plusieurs rapports de l’ONU, mène une offensive dans l’Est de la RDC, s’emparant de vastes territoires dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri. Les combats ont provoqué une crise humanitaire majeure, avec plus de 7 millions de déplacés internes selon les Nations Unies.
Yvette Ditshima