Les autorités congolaises et les rebelles du M23 sont de retour à Doha pour une nouvelle et peut-être dernière session de discussions. Pour la première fois, des ministres congolais et rwandais sont également présents.
Près de deux semaines après la signature d’un accord de paix à Washington entre la RDC et le Rwanda, le Qatar espère à son tour faire aboutir les négociations entre les autorités congolaises et les rebelles du M23. Arrivées à Doha en début de semaine, les délégations ont repris leurs travaux dans la foulée pour un round de discussions que chaque camp présente comme « décisif ».
Peu d’informations ont pour l’instant circulé sur l’identité des émissaires dépêchés pour cette nouvelle session. La délégation du M23 est une nouvelle fois emmenée par le secrétaire permanent du mouvement, Benjamin Mbonimpa. Un cadre du mouvement rebelle précise que le M23 pourrait envoyer le président de sa branche politique, Bertrand Bisimwa en cas d’accord.
De leur côté, les autorités congolaises ont, pour la première fois, envoyé un représentant. Il s’agit Jacquemain Shabani, vice-Premier ministre et ministre de l’Intérieur. Selon nos informations, si ce dernier ne doit pas prendre directement part aux discussions, il pourrait, en cas d’accord, apposer sa signature au nom du gouvernement congolais.
Un ministre rwandais également présent
Selon plusieurs sources, le directeur général de la Direction générale de migration (DGM) de RDC, Roland Kashwantale, est également présent sur place. Son adjoint, Papy Mbuyi, avait jusque-là été chargé de mener les discussions au nom des autorités congolaises, ce qui avait suscité la colère de la partie rebelle. Cette dernière a regretté, lors des précédents rounds, que Kinshasa ne dépêche pas d’émissaires avec un rang protocolaire plus élevé.
Kigali, qui soutient les rebelles sur le terrain, a aussi dépêché un représentant sur place, en la personne de son ministre de l’Intérieur, Vincent Biruta. Une source officielle rwandaise affirme que ce dernier a été convié en tant « qu’observateur », au même titre que les garants de l’accord de Washington, les États-Unis, la commission de l’Union africaine et le Togo.
L’administration Trump, sans doute consciente du risque qu’un échec au Qatar ferait peser sur la pérennité de son propre accord, a poussé en coulisses pour que le niveau de représentation soit plus élevé lors de cette nouvelle session de discussions.
Jusque-là, le processus de Doha n’a obtenu que de maigres résultats. Début avril, il a permis de pousser la rébellion du M23 à se retirer de Walikale, dernière conquête majeure du mouvement rebelle. Puis, le 23 avril, il n’a obtenu des parties qu’un simple engagement à « travailler à la conclusion d’une trêve ». Depuis, les négociations ont patiné. Si plusieurs sources confirment que le médiateur qatari a déjà élaboré un projet d’accord, celui-ci fait l’objet d’âpres discussions.
« Rétablir l’autorité de l’État »
La reprise des négociations offre donc une nouvelle fenêtre pour parvenir à un compromis et les États-Unis et le Qatar exercent une forte pression pour que ces discussions soient les dernières. « Pour le Qatar, il y a une question d’image. Doha ne veut pas rater le coche après avoir investi diplomatiquement dans ce dossier », confie un habitué des médiations qataries. L’objectif pour Washington est que la RDC et le M23 trouvent un accord avant le sommet, pour l’instant prévu fin juillet, entre Félix Tshisekedi, Paul Kagame et Donald Trump.
Reste que la tâche s’annonce délicate. Ces derniers jours, le M23 et les autorités congolaises se sont mutuellement accusés de renforcer leurs positions sur différents axes. Si Paul Kagame estime que le processus de Washington et celui de Doha sont les « deux faces d’une même pièce », son homologue, Félix Tshisekedi, attend surtout que la médiation qatarie aboutisse « au rétablissement de l’autorité de l’État sur l’ensemble du territoire. »
Les rebelles se sont pour l’instant montrés peu disposés à se retirer des territoires conquis. Un haut cadre du mouvement assure que l’une des revendications que le M23 portera à Doha est celle d’un statut spécial de « zone sinistrée » pour la partie sous son contrôle. Sans préciser ce que cela impliquerait. Les rebelles ont aussi conditionné la suite des discussions à l’établissement d’une série de mesures de confiance.
Avec Jeune Afrique