Dans l’obscurité d’une nuit ordinaire, le quartier Kasika, à Goma, s’est retrouvé pris au piège d’une violence sans nom. Dans la nuit du 28 au 29 mars, des hommes armés, vêtus en civil, ont déferlé sur plusieurs avenues, laissant derrière eux un sillage de peur et de souffrance. Selon Actualite.cd, quatre jeunes filles ont été violées et plusieurs foyers saccagés.
L’incident s’est produit sur l’avenue Mbati aux environs de 23 heures quand deux sœurs, âgées de 22 et 25 ans, sont attaquées. Un peu plus loin, sur l’avenue Kabega, une autre jeune femme de 23 ans subit le même sort. Puis, sur l’avenue Luotu, une adolescente de 17 ans est extirpée de chez elle et agressée par trois hommes. Des cris étouffés, des portes fracassées, puis le silence.
« C’était une nuit effrayante. Les gens n’osaient plus bouger, les rues étaient livrées aux assaillants. Ils ont pris leur temps, pillant, saccageant, humiliant », confie un habitant encore sous le choc.
Les victimes ont été transférées à l’hôpital, certaines déjà rentrées chez elles après des soins d’urgence. Mais que vaut un pansement sur une blessure aussi profonde ? La cheffe du quartier, Annie Masandi Bilingo, assure que des enquêtes sont en cours. Une promesse que bien des habitants accueillent avec résignation, tant l’impunité semble être la seule justice en vigueur.
Kasika n’est pas un cas isolé. Depuis le début de l’année, la structure médicale locale a déjà enregistré 26 cas de viols. Et ce n’est qu’une partie du drame. En janvier, l’évasion massive de plus de 4 000 détenus de la prison de Munzenze a entraîné un véritable carnage : au moins 165 femmes violées par des prisonniers en fuite.
L’ONU s’alarme de la montée des violences sexuelles dans la région. L’UNICEF, quant à lui, rapporte que 45 enfants ont subi des agressions sexuelles et que 70 autres, âgés de moins de cinq ans, ont été hospitalisés à l’hôpital CBCA Virunga.
Dans ce contexte, les groupes armés profitent du chaos pour s’imposer. Majengo, Virunga, Mabanga, Kasika… autant de noms qui résonnent désormais comme des zones de non-droit. Le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA) confirme cette détérioration rapide dans son rapport du 8 mars.
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