Le porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya, a affirmé ce lundi, lors d’un briefing, que le président de la République n’a donné aucun mandat aux pères spirituels, notamment aux évêques catholiques de la CENCO et aux responsables de l’ECC, pour engager des consultations en vue d’un dialogue sur la situation sécuritaire dans l’Est du pays.
« Ici, il faut savoir que le président ne leur a pas donné un mandat quelconque. Ils ont vu le président, ils avaient des propositions, mais le président de la République ne leur a pas donné un mandat pour l’engager. Ils sont en amont de leur démarche qui vise à avoir un pacte social pour la paix. Personne ne peut la décliner, même pas le président de la République », a précisé Patrick Muyaya.
Toutefois, il a souligné que Félix Tshisekedi reste ouvert à toute initiative visant à favoriser la paix et la cohésion nationale.
Patrick Muyaya s’est montré critique à l’égard des responsables religieux, dénonçant leur silence face aux pertes en vies humaines, estimées à plus de 3 000 personnes, lors des affrontements entre les rebelles et l’armée congolaise.
« Ceux qui sont morts sont des Congolais, leurs fidèles. Il faut d’abord faire la démarcation entre une démarche qui vise à proposer un pacte social pour la paix et la condamnation des faits d’une horreur qui se sont produits sur place. Aujourd’hui, l’urgence pour eux devrait être de dénoncer d’abord ce mal qui vient du voisin que nous connaissons », a-t-il déclaré.
Cette mise au point intervient quelques jours après une rencontre entre le président Félix Tshisekedi et les représentants de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) ainsi que de l’Église du Christ au Congo (ECC). Lors de cette audience, les chefs religieux ont exprimé leur volonté d’œuvrer pour un dialogue inclusif visant à apaiser les tensions et favoriser une solution politique à la crise sécuritaire qui secoue l’Est du pays.
La situation sécuritaire dans l’Est du pays continue de se détériorer. Les rebelles du M23, soutenus par l’armée rwandaise selon Kinshasa, ont intensifié leurs offensives, prenant le contrôle de plusieurs localités stratégiques, dont Goma. Face à cette crise, plusieurs pays membres de la région, ainsi que des acteurs politiques et religieux, notamment le cardinal Fridolin Ambongo ont plaidé pour un dialogue inclusif afin de mettre fin aux hostilités.
Cependant, le gouvernement congolais reste ferme sur sa position : il refuse toute négociation avec le M23, qu’il considère comme un mouvement terroriste et un instrument du Rwanda. Cette ligne dure contraste avec les recommandations issues du récent sommet de la SADC, qui a évoqué la possibilité d’un dialogue direct avec tous les acteurs du conflit.
Yvette Ditshima