Les tensions persistent entre le gouvernement congolais et le mouvement rebelle AFC/M23, malgré les engagements pris lors des discussions de paix à Doha. Chacune des parties accuse l’autre de violer le cessez-le-feu et de compromettre les efforts de règlement du conflit dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC).
Dans un communiqué publié mardi par son porte-parole adjoint, le Dr Oscar Balinda, l’AFC/M23 explique son absence à la reprise des pourparlers de Doha, initialement prévue le 8 août, par la « violation persistante » de la déclaration de principes signée le 27 juillet dernier dans la capitale qatarie. Le mouvement affirme que Kinshasa a renforcé ses positions militaires en hommes, munitions et avions de guerre, contrevenant au point n°2 de l’accord.
Depuis Goma, le Dr Balinda évoque une « escalade délibérée » et appelle l’opinion nationale et internationale à constater ces manquements. Selon lui, des mouvements de troupes et de matériel ont été observés à Nzimbira, Mwenga, Bunyakiri, Kibuwa, Pinga et Uvira. Le groupe rebelle dénonce également l’utilisation de plusieurs axes logistiques, notamment Kindu–Shabunda, Kinshasa–Bujumbura, Kisangani–Walikale et Kalemie–Uvira.
Le même jour, les Forces armées de la RDC (FARDC) ont répliqué par un communiqué signé du général-major Sylvain Ekenge. L’armée accuse l’AFC/M23 de lancer « de multiples attaques » contre ses positions au Nord-Kivu et au Sud-Kivu, ainsi que de commettre des « massacres ciblés » de civils, majoritairement Hutu, dans le Nord-Kivu.
Les FARDC estiment que ces actes constituent une « violation intentionnelle et manifeste » tant de l’accord de paix de Washington que de la déclaration de principes de Doha. Elles dénoncent aussi des « propos dilatoires » relayés par le mouvement rebelle dans les médias et sur les réseaux sociaux pour justifier ses actions.
Tout en réaffirmant leur attachement aux processus de paix, les forces gouvernementales préviennent qu’elles se réservent « le droit de répondre de manière appropriée à toutes les provocations » de la coalition armée. De son côté, l’AFC/M23 affirme que les affrontements et les mouvements militaires provoquent des pertes civiles, des déplacements massifs et aggravent la crise humanitaire dans l’Est du pays.
Kinshasa n’a pas encore réagi officiellement aux accusations précises du mouvement concernant les récentes opérations militaires signalées à l’est et au sud-est de la RDC. La reprise des pourparlers de Doha apparaît désormais incertaine, dans un climat de méfiance et de tensions croissantes sur le terrain.
Cephas Kabamba