Alors que les combats s’intensifient dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC), les femmes et les filles sont victimes d’une recrudescence alarmante des violences sexuelles. Dans une déclaration publiée vendredi dernier, le Fonds des Nations unies pour la population (UNFPA) a dénoncé des « taux effarants » de violences basées sur le genre, exacerbés par l’instabilité qui secoue les provinces du Nord et du Sud-Kivu.
En seulement une semaine, près de 500 cas de violences sexuelles ont été signalés dans la région de Goma, dont plus de 150 impliquant des enfants. Ce chiffre, selon l’UNFPA, ne représenterait qu’une fraction des victimes réelles, en raison des obstacles à l’accès aux soins et de la peur des représailles. Depuis le début de l’année, plus de 400 000 personnes ont été déplacées, aggravant la vulnérabilité des femmes et des enfants face aux violences et aux abus des groupes armés opérant en toute impunité.
Les violences sexuelles sont utilisées comme une tactique de guerre, visant à terroriser et déplacer les populations. En 2023, plus de 50 000 cas de violences basées sur le genre avaient été signalés au Nord-Kivu, un chiffre qui a grimpé à 56 000 en 2024, avant même l’intensification actuelle des combats.
L’UNFPA alerte sur la fermeture ou la dégradation des services de prise en charge des survivantes. À Goma, une ville de plus de 2 millions d’habitants, seuls trois hôpitaux restent opérationnels pour les soins aux victimes de violences sexuelles. Les cliniques mobiles et centres d’écoute soutenus par l’agence fonctionnent partiellement, tandis que de nombreuses installations médicales ont été pillées. L’acheminement de l’aide est également compromis par la fermeture des routes et l’interruption des vols humanitaires vers Goma.
Face à cette crise, l’UNFPA lance un appel d’urgence de 18 millions de dollars pour renforcer l’accès aux soins médicaux, au soutien psychosocial et aux services de protection pour les victimes. L’agence demande également la réouverture de l’aéroport de Goma pour permettre l’acheminement de l’aide et appelle à un cessez-le-feu immédiat afin de protéger les civils.
Alors que la guerre continue de ravager l’Est de la RDC, l’UNFPA insiste sur la nécessité d’une réponse globale incluant l’accès à la justice pour les survivantes et la poursuite des auteurs de ces crimes.
Yvette Ditshima